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Une théorie scientifique est vraie tant que l'on n'arrive pas à la prendre en défaut

Le satellite scientifique français "Microscope" a confirmé la théorie de la relativité d'Einstein "avec une précision inégalée". Que faut-il en déduire ? Tout simplement que nous ne savons jamais rien avec certitude.

La nouvelle a déjà fait le tour du monde. Comme l'indique le communiqué conjoint du CNRS, du Centre national d'étude spatial et de l'Office national des études et recherches en aéronautique, "les premiers résultats du satellite Microscope confirme la théorie d'Albert Einstein avec une précision inégalée". Il s'agissait de vérifier, comme le prévoit la théorie de la relativité générale d'Einstein, si deux corps différents - comme par exemple la plume et le plomb - tombent exactement à la même vitesse, dès lors qu'il n'y a pas de frottement de l'air et qu'ils sont soumis à la même force de gravitation. L'expérience confirme que c'est le cas avec une précision de 14 chiffres après la virgule. Au-delà, on ne sait pas encore.

Je ne vais pas disserter sur la théorie de la relativité générale et sur la courbure de l'espace-temps, mais je voudrais m'arrêter un instant sur l'une des morales de cette histoire. En fait, l'expérience avait pour but, pour l'instant non atteint, de démontrer qu'Einstein avait tort. Aujourd'hui, il y a deux grandes théories en physique qui ne sont pas compatibles : l'une, la théorie quantique qui s'intéresse à l'infiniment petit et aux interactions entre les particules. L'autre, la théorie de la relativité qui est en quelque sorte celle des grandes masses, des interactions entre les planètes par exemple. Pour l'instant, les deux théories fonctionnent chacune dans leur domaine : celui du petit et celui du grand, c'est-à-dire que ce qu'elles prédisent se vérifie mais on est incapable de les réunir dans une seule et même physique obéissant aux mêmes lois. Il faut bien comprendre qu'aucune des deux n'exprime une vérité définitive. Les deux sont des constructions de l'esprit, des manières de se représenter la nature. C'est le propre d'une théorie scientifique d'être réfutable. On dit qu'elle est scientifiquement vraie tant qu'elle n'est pas réfutée, c'est-à-dire prise en défaut. La relativité générale est vraie tant que l'on n'arrive pas à la prendre en défaut. On verra bien au 18e ou au 20e chiffre après la virgule...

La morale de cette histoire, c'est que dire "circulez, il n'y a rien à voir ni à dire parce que c'est scientifique" est la posture la plus antiscientifique qui soit et la plus nuisible à l'autorité de la science. En utilisant à tout bout de champs cet argument, on a nourri la défiance vis-à-vis de la science et nourri l'obscurantisme. À force de vouloir faire de la science une religion, à force d'exiger de croire en la science comme on croit ou non en Dieu. À force de justifier tous les choix politiques soit disant par la science, en oubliant que la politique c'est aussi de l'humain, du sentiment et de la morale, on disqualifie à la fois la science et la politique.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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