La location de moine est un marché nouveau et juteux. C'est d'autant plus étonnant que les temples se vident, alors que les moines jouaient un rôle essentiel auprès de la population japonaise d'autrefois. Pour beaucoup de japonais, nous explique l'AFP, la religion shintoïste ou bouddhiste est devenue une formalité saisonnière. On va aux sanctuaires et aux temples pour les grandes occasions ou les festivités traditionnelles.
C'est une pratique très japonaise. Là-bas, on loue bien un chat pour le week-end ou une fiancée pour une soirée chez papa et maman. Ils sont un peu particuliers. Donc, la formule « moine » a été inaugurée en 2010, par le grand groupe de distribution Aeon. À l'époque, ce fut un scandale, mais trois ans plus tard, une autre société a repris le concept. Elle revendique aujourd'hui un catalogue avec 700 moines et, que Dieu lui pardonne, ça marche. Elle a reçu 12 000 demandes en 2016, soit 20 % de plus qu'en 2015. Cette entreprise a une santé éclatante et se vante d'afficher ses tarifs en toute loyauté, contrairement aux donations des fidèles, qui a toujours permis de faire vivre les temples, mais d'une façon assez opaque.
Chez nous, cela ne consiste qu'en quelques euros, alors que les Japonais doivent vraiment faire plusieurs donations importantes pendant plus d'une décennie. C'est un vrai financement, qui permet aux temples de faire de coûteuses rénovations. Du coup, les fidèles râlent en disant qu'on leur réclame beaucoup d'argent pour des travaux, au détriment de l'accompagnement spirituel. Ce nouveau marché de la location de moines est très critiqué, on s'en doute, mais les temples se vident et les zones rurales se dépeuplent. Faute de fidèles, un tiers des 75 000 temples devraient fermer d'ici 2040. Le moine en freelance, est-ce la solution divine ?