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Tex, licencié de France 2 pour une mauvaise blague, le début de la fin de la démocratie

L'animateurTex, qui présentait son émission sur France 2 depuis 17 ans, s’est fait licencier pour une mauvaise blague sur les femmes battues.

 

Une mauvaise blague bien beauf, qu’on a déjà entendue mille fois dans la bouche de Coluche ou Bigard, et qu’il a racontée sur une chaîne autre que la sienne, C8. Et pour l’instant, hormis quelques humoristes, Anne Roumanoff, Jean-Yves Lafesse ou Stéphane Guillon, le silence est assourdissant. Pourquoi ? Parce que cette blague touche au sujet sensible du moment : les femmes battues. On est en pleine affaire Weinstein, on célèbre dans le monde entier la "parole qui se libère", on construit un continuum entre la prédation d’un homme tout puissant d’Hollywood, le harcèlement de rue et les malheureuses frappées à mort par un compagnon violent qu’elle ne parviennent pas à fuir, et Tex sort cette mauvaise blague. Certes, ce n’est pas très fin. Mais on comprend bien qu’il est en train de se jouer quelque chose de grave : à force qu’on s’inquiète mollement de n’avoir décidément plus le droit de rien dire, c’est bien une véritable censure qui s’est installée, avec le concours actif du peuple des réseaux sociaux.

Mais pourquoi un tel contrôle de la parole et de la pensée ?

Ce n’est pas un hasard si cette affaire éclate autour d’une blague concernant les femmes battues. Le rire n’est subversif que quand il est blasphématoire, quand il touche à ce qu’il y a de sacré. C’est bien ça, le rôle du bouffon : rire du roi, malgré son pouvoir de droit divin. Et dans une société qui érige les victimes en héros, et qui a fait de la lutte contre les dominations imposées par le mâle blanc hétérosexuel l’objet même du progrès démocratique, le sacré, c’est cela : les femmes battues, les minorités supposées…

Un sacré protégé par un clergé aux réflexes inquisitoriaux et des croyants fanatiques prêts à se choquer et réclamer le pilori. Les réseaux sociaux servent à ça. Amplifier la caisse de résonance et permettre à chacun de montrer à quel point lui est du bon côté, dans le camp du bien. Ce n’est pas ça qui aidera les femmes battues, qui ont besoin d’accueil, de suivi psychologique et de moyens financiers pour s’émanciper, mais peu importe, les curés sont contents.

Sauf que ça devient étouffant, on ne sait plus de quoi on peut rire.

Il ne faut jamais oublier qu’en France, des dessinateurs sont morts pour avoir proclamé qu’on pouvait rire de tout, même de l’Islam et des islamistes. À chacun son sacré. Mais interdire le rire, même de mauvais goût, instaurer un délit de blasphème, sur quelque sujet que ce soit, c’est une insulte à l’intelligence du public, c’est le début de la fin de la démocratie comme assemblée de citoyens libres et responsables.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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