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Terrorisme : arrêtons de prétendre que la résistance passe par le fait de vivre comme si de rien n’était

Deux ans après les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, la question de notre réponse au terrorisme se pose plus que jamais aujourd’hui.

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Souvenez-vous de cette nuit du 13 au 14 novembre. De l’horreur de ces jeunes gens massacrés, abattus par des lâches qui ne leur ont laissé aucune chance. Et des jours qui ont suivi, des proches qui lançaient des messages sur les réseaux sociaux. Il en est resté quoi ? Un slogan réducteur : "Je suis en terrasse". Avec cette idée : les terroristes s’en sont pris à notre mode de vie, alors il faut continuer comme si de rien n’était pour leur montrer qu’ils n’ont pas gagné. Depuis, c’est même l’argument premier dès qu’il est question de lutter contre les attaques et de garantir la sécurité : "C’est ce que voudraient les terroristes, que nous renoncions à nos valeurs d’ouverture". Discours effroyablement réducteur. Les terroristes s’attaquent à notre refus de nous considérer comme soumis à une loi divine. Leur cible, ce n’est pas Schengen ou le laxisme judiciaire, c’est la liberté de ne pas croire, de ne pas accepter l’emprise des communautés religieuses, de blasphémer. Leur cible, c’est la laïcité, la liberté de conscience. Et ce n’est pas en mettant un voile sur ce qui s’est passé ce jour-là qu’on les préservera.

Aujourd’hui, on oublie jusqu’à l’attaque suivante. Mais il y a eu une campagne électorale au printemps 2017. Est-ce qu’il y un seul Français, le 14 novembre 2015 au matin, qui aurait imaginé que le terrorisme islamiste ne serait pas au cœur de la campagne électorale de 2017 ? Qu’on pourrait faire comme si tout ça ne nous obligeait pas à réfléchir à ce qui nous unit, aux valeurs que nous partageons, et à la façon de les transmettre à tous les jeunes Français ? Le 13 novembre, ce sont des jeunes Français, ou des jeunes Belges, qui ont tiré sur d’autres Français. Ils haïssaient suffisamment la société qui les a vus grandir pour pouvoir massacrer sans aucun remord des jeunes de leur âge. Et le sujet a été à peine abordé pendant le principal rendez-vous de notre vie démocratique.

Qu’aurait-il fallu faire ? Déjà, arrêter de prétendre que la résistance passait par le fait de vivre exactement comme si de rien n’était. Puis s’interroger sur les raisons qui expliquent la progression de cette idéologie mortifère au cœur même de notre pays. Arrêter de croire qu’il suffirait de vaincre l’État Islamique pour y mettre fin. S’interroger sur les valeurs que porte notre société, et les projets qu’elle donne à sa jeunesse : consommer, être milliardaire. La pauvreté même.

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