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Statue de Colbert vandalisée : "le Code Noir servait à réguler l’esclavage"

Frédéric Régent, maître de conférences en histoire moderne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, auteur de « La France et ses esclaves » (Grasset) était interviewé dans "le coup de fil du matin" sur Sud Radio le 25 juin. "Le coup de fil du matin" est diffusé tous les jours à 7h12 dans la matinale animée par Cécile de Ménibus et Patrick Roger.

La statue de Colbert a été vandalisée devant l’Assemblée Nationale. Mais pourquoi cette polémique autour du grand ministre de Louis XIV, que beaucoup de Français redécouvrent à cette occasion?

 

Un code qui régule la violence

"Cette polémique, c’est un peu l’irruption de l’histoire de la France de la diversité dans l’histoire de France nationale, estime Frédéric Régent, maître de conférences en histoire moderne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, auteur de La France et ses esclaves  (Grasset) . En effet, l’histoire de France est ponctuée de personnages de la monarchie et de la république mis en avant dans le récit national. Colbert fait partie de ceux-là, avec Henri IV, Sully, Richelieu… Les aspects de la vie de Colbert concernant l’esclavage sont devenus plus connus du grand public. Suite au phénomène aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, on assiste à la même chose en France."

Reproche-t-on à Colbert d’avoir mis en place le Code Noir, quand il a succédé à Mazarin ? "Il a initié la rédaction du texte, mais il est mort deux ans avant que le texte soit signé par le roi. C’est son fils qui l’a signé. En gros, ce texte prévoit que les esclaves doivent être baptisés dans la religion catholique. Il régule la violence que peuvent utiliser les maîtres contre les esclaves. Ils ont le droit de fouetter et d’enchaîner. C’est le cas de capitaines de navires à la même époque. Ils n’ont pas le droit, en revanche, de les mutiler ou de les condamner à mort ; c’est le privilège réservé à la justice royale."

 

Unifier le droit de l'esclavage dans les colonies

Autre élément important, précise l’ancien président du Comité pour la mémoire de l’esclavage, "ce texte prévoit le statut juridique de l’esclave et l’assimile à un bien meuble. Cela ne veut pas dire qu’on l’assimile à une chose, mais cela permet sa vente. Le débat à l’époque était de définir si l’esclave était un bien meuble ou immeuble, s’il faisait partie de la plantation et ne pouvait pas être vendu séparément d’elle. La réponse donnée par l’édit de mars 1685, qui deviendra le Code noir en 1718 du fait d’un éditeur parisien, fait que l’esclave est réputé meuble s’il s’agit d’un domestique. Mais s’il s’agit d’ un cultivateur attaché à une sucrerie, il est réputé immeuble."

Enfin, ce texte prévoyait également "les modalités d’affranchissement des esclaves. Les maîtres peuvent donner la liberté, et les esclaves affranchis avaient alors les mêmes droits que les personnes de couleur blanche." Etait-ce donc la sauvagerie la plus totale dans l’esclavage, avant l’édiction de ce code ? "Il y avait des règles un peu partout, mais elles étaient locales. Cela visait à unifier le droit de l'esclavage dans les colonies françaises. Cet édit de 1685 servait à codifier et réguler l’esclavage."

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