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Salve de tirs après un refus d'obtempérer: deux policiers condamnés à 4 ans de prison avec sursis

Huit balles en six secondes. Pour avoir grièvement blessé un automobiliste et sa passagère après un refus d'obtempérer en 2021, deux policiers ont été condamnés jeudi à Bobigny à quatre ans de prison avec sursis et une interdiction définitive d'exercer.

JOEL SAGET - AFP/Archives

Huit balles en six secondes. Pour avoir grièvement blessé un automobiliste et sa passagère après un refus d'obtempérer en 2021, deux policiers ont été condamnés jeudi à Bobigny à quatre ans de prison avec sursis et une interdiction définitive d'exercer.

"Il s'agit d'une décision que nous ne comprenons pas et dont nous interjetons appel immédiatement", a réagi auprès de l'AFP leur avocat, Me Laurent-Franck Liénard.

Âgés de 30 et 33 ans, les deux policiers ont également été condamnés à une interdiction de porter des armes pendant cinq ans.

Lors du procès début octobre, la procureure avait requis à leur encontre un an de prison sous surveillance électronique.

Le tribunal a considéré que les policiers "ne pouvaient se prévaloir de l'article 435-1 du code de sécurité intérieure", qui régit l'usage des armes par les forces de l'ordre car ils n'étaient "pas en uniforme" ni munis d'"insignes et brassards (...) apparents" lors de cette intervention nocturne.

"Par ailleurs, il n'y a pas non plus de légitime défense lorsque vous avez fait usage de vos armes", a ajouté Dominique Pittilloni, présidente de la 14e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny, soulignant une "disproportion entre les tirs qui ont grièvement blessé les victimes et le comportement du conducteur".

Nordine, le conducteur du véhicule, a versé quelques larmes à l'écoute du délibéré.

Touché par cinq balles, à l'abdomen, aux bras, à l'aine, à l'artère fémorale et au thorax, il s'est vu prescrire 127 jours d'incapacité totale de travail (ITT). Il est depuis handicapé et a perdu 10 centimètres à l'un de ses bras. Des éclats de balle subsistent dans son corps.

Merryl, la passagère, a été traversée par une balle, a subi une ablation de la rate et a eu 100 jours d'ITT.

"Merryl est satisfaite que la culpabilité ait été retenue, elle trouve que l'interdiction d'exercice du métier d'agent de police est adaptée aux faits", a déclaré à l'AFP son avocate Me Marine Allali, qualifiant cette décision d'"inédite".

- "Vision légaliste" -

"Pour l'avenir, sur la manière dont les policiers ont le droit d'user de leurs armes, c'est important que le tribunal ait adopté une vision purement légaliste de l'article 435-1", a estimé l'avocate de Nordine, Me Margot Pugliese.

Pour son second avocat Vincent Brengarth, "justice a enfin été rendue pour Nordine, dans une affaire ayant débuté par sa mise en cause et un complet déséquilibre de la procédure".

Dans une procédure annexe découlant des mêmes faits, Nordine a été condamné en appel à deux ans de prison ferme pour refus d'obtempérer aggravé et violences volontaires.

L'équipage de la brigade anti-criminalité (BAC) de Stains, en civil et dans une voiture banalisée, avait réalisé ce contrôle dans la nuit du 15 au 16 août 2021, en Seine-Saint-Denis.

Une vidéo amateur largement diffusée sur les réseaux sociaux a capturé une partie de l'intervention qui succède à un premier échange entre les fonctionnaires et le conducteur alcoolisé.

L'un des policiers tente d'entrer dans l'habitacle de la voiture. Le conducteur enclenche la marche arrière.

Les deux policiers font feu à plusieurs reprises, visant l'automobiliste. Huit balles sont tirées en 6,25 secondes.

Les deux brigadiers faisaient usage de leur arme pour la première fois. Durant le procès, ils ont martelé avoir considéré que leur vie était en danger.

"Est-ce qu'il n'aurait pas mieux valu laisser partir le véhicule ?", leur avait demandé la présidente.

"Dans un premier temps, j'ai tenté de stopper le conducteur (...). Au moment où je prends la décision d'usage d'arme, je n'ai pas le choix", avait répondu le policier qui a tiré trois fois.

"On n'a jamais souhaité que les choses se passent comme ça", avait expliqué son collègue. L'intervention a eu lieu à 30 minutes de leur fin de service.

Par Maryam EL HAMOUCHI / Bobigny (France) (AFP) / © 2024 AFP

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