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Retraite à 64 ans: l'épineuse question de l'aménagement des fins de carrière

La retraite à 64 ans, mise en place par la réforme de 2023, pose la question des aménagements de fin de carrière, surtout dans les métiers pénibles ou usants, pour que les salariés seniors puissent travailler plus longtemps dans de meilleures conditions.

JEAN-FRANCOIS MONIER - AFP/Archives

La retraite à 64 ans, mise en place par la réforme de 2023, pose la question des aménagements de fin de carrière, surtout dans les métiers pénibles ou usants, pour que les salariés seniors puissent travailler plus longtemps dans de meilleures conditions.

Parmi les métiers les plus concernés par les "critères ergonomiques", dont les charges lourdes, les postures pénibles ou les vibrations mécaniques, on trouve les caissiers, les agents d'entretien, les ouvriers du bâtiment, des industries de process et de la manutention, selon une étude de la Dares (ministère du Travail) parue l'an dernier.

En 2017, quatre critères de pénibilité sur dix avaient été supprimés par le gouvernement: les métiers comprenant des manutentions manuelles, des postures pénibles, ainsi que l'exposition aux vibrations mécaniques et aux agents chimiques dangereux. En subsistent aujourd'hui six: activité en milieu hyperbare (hautes pressions), exposition à des températures extrêmes, au bruit, travail de nuit, en équipes alternantes, travail répétitif.

L'emploi des seniors fait actuellement de nouveau l'objet d'une discussion entre partenaires sociaux après une négociation qui avait échoué au printemps, mais les questions de pénibilité et d'usure professionnelle ne font pas l'objet de chapitres dédiés.

Un projet d'accord soumis cette semaine par le patronat aux syndicats propose que l'emploi des seniors devienne un thème de négociation obligatoire tous les quatre ans dans les branches et tous les trois ans dans les entreprises de plus de 300 salariés.

Ces négociations devront notamment porter sur "le recrutement des salariés expérimentés", "le maintien dans l'emploi et l'aménagement des fins de carrière", ainsi que "la transmission des savoirs et des compétences".

Le projet d'accord patronal prévoit également un accès à la retraite progressive dès 60 ans, ainsi qu'un contrat de "valorisation de l'expérience" pour faciliter les embauches de chômeurs seniors qui ont beaucoup plus de mal à retrouver un emploi que leurs cadets.

L'enjeu pour les seniors, c'est "de les garder en emploi et arrêter que les entreprises n'aient qu'un objectif lorsqu'un salarié arrive à 50 ans, c'est de regarder selon quelles modalités elle va pouvoir le faire partir le plus vite possible", déclarait récemment la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon.

Il "faut légiférer pour empêcher les entreprises de se séparer des seniors", estimait de son côté son homologue de la CGT Sophie Binet.

En 2022, le taux d'emploi des 60-64 ans en France n'était que de 36,2%, soit 12,3 points de moins que la moyenne européenne. L'objectif du gouvernement est d'atteindre 65% en 2030.

Mais l'effet mécanique du relèvement de l'âge risque de ne pas jouer à plein: le passage de 60 à 62 ans en 2010 s'était traduit "par une progression de l'emploi pour la moitié des personnes concernées" seulement, avait relevé France Stratégie dans un rapport en 2018.

AFP / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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