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Renaissance: Gabriel Attal, succession sans partage ?

Il pense avoir "une histoire à écrire avec les Français". En froid avec Emmanuel Macron, en cohabitation avec Michel Barnier mais incontournable dans le camp présidentiel, Gabriel Attal peaufine sa partition en vue de 2027, qui pourrait passer par la prise de contrôle du parti Renaissance.

Gaizka IROZ - AFP

Il pense avoir "une histoire à écrire avec les Français". En froid avec Emmanuel Macron, en cohabitation avec Michel Barnier mais incontournable dans le camp présidentiel, Gabriel Attal peaufine sa partition en vue de 2027, qui pourrait passer par la prise de contrôle du parti Renaissance.

Comme toujours avec Gabriel Attal, la mise en scène était étudiée. Son gouvernement était démissionnaire depuis mi-juillet mais le plus jeune Premier ministre de la Ve République voulait soigner sa sortie de Matignon. Discours en forme de bilan-programme, figures de style, applaudissements de ses partisans, collaborateurs en surplomb sur le perron: tout était prévu. Sauf peut-être la répartie aigre-douce d'un nouveau chef de gouvernement de 73 ans...

Le jeune espoir de la macronie a quelque peu raté son effet ? Lui "assume" de "casser les codes" du protocole. "Chez Attal, ils se croient toujours dans le rôle de Matignon. Ils n'ont toujours pas digéré la dissolution", observe un cadre de Renaissance.

"Il n'a pas non plus digéré la passation", ajoute un député allié. Rebelote après la déclaration de politique générale (DPG) du nouveau Premier ministre: Gabriel Attal livre en quelque sorte "sa" DPG, nouvelle pique en retour de Michel Barnier...

Le groupe Ensemble pour la République (EPR), qu'il préside depuis juillet, est furieux du traitement réservé à son chef. Et alors ?

"On doit aider Barnier à réussir, on ne peut pas être ceux qui provoquent la sortie de piste, nos électeurs ne nous le pardonneraient pas", souligne une ministre Renaissance. Michel Barnier le sait. Et en joue. Guère ménagé, Gabriel Attal se fait pourtant assez discret. C'est plutôt Gérald Darmanin qui se charge de critiquer le Premier ministre. Sans être contredit, jusqu'ici, par son président de groupe.

Quel avenir politique pour Gabriel Attal ? En prononçant la dissolution, dont il ne l'a averti que dans les derniers instants, Emmanuel Macron a brutalement enrayé l'ascension de son jeune talent. Mais à plus long terme, ne lui a-t-il pas rendu service ? Les députés ulcérés par cet oukase de l'Élysée se sont jetés dans les bras de leur collègue des Hauts-de-Seine qui avait conduit la campagne des législatives. Exit la direction collégiale provisoire prônée jusqu'à l'Élysée.

-"Cannibalisme politique"-

Même tarif pour le parti ? Renaissance est censé tenir un congrès avant le 30 novembre et se choisir un nouveau secrétaire général, Stéphane Séjourné ayant été nommé commissaire européen. Pour l'heure, seule Élisabeth Borne s'est déclarée intéressée. Le camp Attal attend le bureau exécutif du parti prévu jeudi, qui doit arrêter les règles du jeu.

Mais les soutiens de l'ancien Premier ministre sont déjà en piste: appui de l'ex-tête de liste aux européennes Valérie Hayer, tribune d'une soixantaine de présidents départementaux de Renaissance sur le site de L'Opinion l'appelant à se présenter. Et balayant au passage l'argument d'Élisabeth Borne sur le cumul de fonction entre la présidence du parti et celle du groupe.

Élisabeth Borne va-t-elle maintenir sa candidature ? Sollicité lundi, son entourage n'a pas répondu. "On se pose tous la question. Mais si elle y va, elle va se faire laminer", glisse un collaborateur parlementaire qui résume l'avis général.

Présider le groupe, cumuler avec le parti... Rassembleur, Gabriel Attal ? "Il n'a pas la culture de la minorité, il a la culture du cannibalisme politique. Quand il peut prendre, il prend", résume un cadre de Renaissance. Après la prise de contrôle de l'appareil, de ses finances et de ses fichiers, il sera bien temps de répartir les postes...

"Gabriel a intérêt à faire la démonstration de sa capacité à rassembler", explique cependant une cadre Renaissance qui le soutient. Quand un autre, désireux comme la plupart d'éviter une guerre des chefs, espère un compromis avec Élisabeth Borne, voire une liste unique en vue du Congrès...

Mais "un parti, c'est une machine présidentielle. La réalité c'est que le parti ne vit que si les militants pour qui ils vont tracter et coller des affiches se disent qu'il peut être candidat", juge une ancienne ministre.

Or, c'est bien 2027 qui est en ligne de mire: Gabriel Attal ne l'a pas vraiment démenti dans son récent entretien au Point, dans lequel il expliquait avoir "une histoire à écrire avec les Français" et dont la Une était barrée par le mot "succession".

Par Baptiste PACE / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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