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Pierre Valentin : "Le wokisme s’est perçu comme une négation du nazisme"

Pierre Valentin, diplômé en philosophie et politique de l’université d’Exeter, était l’invité d’André Bercoff le 31 août 2021 sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Pierre Valentin, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Pierre Valentin, diplômé en philosophie et politique de l’université d’Exeter, auteur pour la Fondapol de deux ouvrages sur L’idéologie woke face au wokisme, explique que le terme woke est "un terme qui ne veut rien dire", ce qui est l’une des critiques qui est faite au wokisme, et "un terme qui a été inventé par ses détracteurs, par les gens anti-woke, la droite, etc., ce qui est faux".

 

"Ce qui caractérise notamment le woke, c’est cette perception de la réalité dominée par des rapports de force et de pouvoir"

La traduction, explique l’auteur, signifie "être éveillé" (venant du verbe anglais "awake"). Les personnes woke sont donc celles qui sont "éveillées, plus précisément ici aux injustices raciales, sociales, et tous ceux qui prônent la justice sociale". "Et plus généralement, c’est ceux qui prônent un sophisme qui consiste à dire que toute disparité statistique dans la répartition des sexes et des ethnies, dans différents métiers, est forcément le fruit d’une discrimination et non pas de tout autre facteur." Ces différences statistiques seraient, selon l’idéologie woke analysée par Pierre Valentin, liées à une "discrimination et un sexisme systémique", explique-t-il en prenant en exemple la majorité d’hommes qu’il y a au sein des pompiers. "Et ça marche avec tous les emplois."
"Ce qui caractérise notamment le woke, c’est cette perception de la réalité dominée par des rapports de force et de pouvoir."

 

"Le wokisme est une sorte de marxisme racialisé"

"L’idée de neutralité est critiquée", précise l’auteur dans ces rapports pour la Fondapol, "et ce, on peut remonter même jusqu’à Marx qui pensait que la neutralité devant la loi, en fait, privilégiait le capitaliste par rapport au prolétariat. Et donc toute neutralité et plus insidieuse, disons, qu’un ethno-différencialisme raciste, disons, d’extrême-droite, parce que eux, au moins, ils jouent cartes sur table." Au contraire, pour l’idéologie woke selon Pierre Valentin, les personnes neutres se parent d’un masque "pour dominer le plus faible".
"C’est assez pertinent de percevoir le wokisme comme une sorte de marxisme racialisé." Ainsi, la lutte des classes, thème marxiste par excellence, aurait été remplacée par la lutte des races voire "la lutte des sexes", bien que des différences subsistent fondamentalement entre le marxisme et le wokisme, notamment du fait de la notion de capital.
Dans le wokisme, il y a une importance majeure du "discours" notamment car il y a l’idée qu’avec "la maîtrise du langage, on prétend pouvoir remodeler la société toute entière". "Souvent, on voit des discours, en tout cas des arguments, qui sont entièrement critiqués uniquement sur la forme" sans qu’en soit discuté le "fond".

 

"Le wokisme se considère lui-même positivement comme un virus"

Pierre Valentin a étudié les faits déroulés dans l’université d’Evergreen aux États-Unis, mais pour les comprendre, il faut comprendre que "le wokisme se considère lui-même positivement comme un virus", explique-t-il. À Evergreen, les militants woke ont eu durant plusieurs années l’appui du président de l’Université qui croyait ainsi "s’acheter la paix sociale". Ces militants, juge Pierre Valentin, ont fini par "corseter toute l’université" si bien que la tradition du "jour d’absence", un jour où "les personnes non-blanches pouvaient quitter l’université" afin de "montrer leur importance au sein de l’université" a été inversée. "En 2017, ils ont choisi d’inverser la chose en exigeant que les blancs quittent l’université."
"Un professeur de biologie, qui s’appelle Brett Weinstein", s’est alors insurgé et "a refusé avec un certain courage", raconte Pierre Valentin. Il a alors écrit par mail qu’il "y avait une grande différence à ce que des gens quittent volontairement l’université et d’exiger qu’un groupe ethnique ne vienne pas", à la suite de quoi "il a été traité de fasciste et de suprémaciste blanc" malgré ses opinions politiques très à gauche.

 

"Le wokisme s’est perçu comme une négation du nazisme"

Certains estiment que la Cancel Culture, soit le fait de réécrire certains faits historiques et culturels voire de les effacer pour mettre en avant leurs problèmes intrinsèques, est liée à l’idéologie woke. "Ce que j’explique dans la conclusion de mes travaux, c’est que le wokisme est en fait une négation, c’est pas vraiment une force de proposition, il n’y a pas vraiment de versant positif." Pierre Valentin estime qu’on retrouve cette négation dans le terme "Cancel culture", soit "culture de l’annulation ; le déboulonnage de statues n’est qu’une pratique purement négative, on n’en fait que tomber, on n’en érige pas d’autres".
"Le wokisme s’est perçu comme une négation du nazisme : on va faire l’inverse de ce qu’a fait Hitler et les SS", analyse l’auteur de L’idéologie woke face au wokisme. "Le problème c’est que, et c’est déjà ce qu’on voit dans La ferme des animaux d’Orwell, lorsqu’on définit une révolution par la négation, on finit fatalement par revenir au point de départ."

 

 

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