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Pascal Crépey : la "pente douce" de baisse des cas "est plutôt une mauvaise nouvelle"

Pascal Crépey, épidémiologiste et biostatisticien à l’École des Hautes Études de Santé publique, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Benjamin Glaise le 23 avril 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Pascal Crépey interviewé par Benjamin Glaise sur Sud Radio le 23 avril 2021 à 7h40.

Pascal Crépey : "Les courbes s’infléchissent"

Durant sa conférence de presse du 22 avril, Jean Castex a déclaré que le pic de la troisième vague était passé. Pascal Crépey confirme que depuis plusieurs jours "les courbes s’infléchissent" et que "les indicateurs épidémiologiques s’orientent dans la bonne direction". "La question qui se pose aujourd’hui est quelle va être la taille du plateau sur lequel on est, et à quel moment va-t-on commencer à voir une baisse réelle de certains indicateurs, surtout les indicateurs hospitaliers ?", s'interroge le biostatisticien.

Selon lui, la pente qui s’annonce sera "douce" et notamment "plus douce que la pente que nous avions observée lors des deux derniers confinements", ce qui est "plutôt une mauvaise nouvelle", précise-t-il. Cette situation s’explique principalement "par le variant anglais, qui se propage plus facilement" et qui est "plus compliqué à contrôler" ce qui a pour conséquence "pour un même niveau de mesures de contrôle, vous avez un moins bon niveau de contrôle de l’épidémie".

"Il faut donner un peu d’air aux Français"

Le plateau élevé peut conduire à des doutes sur le timing de l’ouverture, mais Pascal Crépey souligne qu’on n’est plus en mars 2020 : "le problème c’est qu’on est déjà à plus d’un an de crise épidémique, qu’il y a une fatigue qui s’est instaurée dans la population, ce qui est bien normal" vis-à-vis des mesures de restriction. Il juge donc nécessaire "de donner un peu d’air aux Français" qui, sinon, finiront par ne plus respecter les mesures.

Or, "pour que les mesures soient efficaces, elles doivent être comprises, respectées, acceptées", souligne le biostatisticien à l’École des Hautes Études de Santé publique. "Essayer de trouver des moments de respiration où l'on pourrait, dans des conditions sanitaires contrôlées, retrouver un semblant de vie sociale, ça pourrait aussi permettre de mieux respecter" certaines mesures efficaces.

 

"Le président n’a pas fixé un seuil de contaminations à atteindre"

Toutefois, "depuis l’annonce du confinement, les critères qui sont évoqués ne sont pas des critères épidémiologiques", estime le spécialiste, notamment car "le président de la République n’a pas fixé un seuil de contaminations à atteindre avant de lever le confinement, tel qu’il l’avait fait lors du confinement de novembre", lorsque le seuil de 5.000 cas par jour avait été annoncé.

Si les critères sanitaires ne sont pas ceux fixés par l’exécutif, "ce n’est pas pour autant que c’est une mauvaise chose", souligne Pascal Crépey qui ne se dit pas "choqué" par le fait que les indicateurs épidémiologiques "ne soient pas les seuls indicateurs pris en compte dans la décision politique".

 

"L’école ne jouerait pas un rôle d’amplificateur épidémique"

La rentrée scolaire pour les maternelles et les primaires aura bien lieu le lundi 26 avril, avec des autotests salivaires prévus et la fermeture de classes dès le premier cas de Covid-19 identifié. Les parents sont néanmoins toujours inquiets, mais pour Pascal Crépey ces annonces doivent "contribuer à les rassurer". Il précise d’ailleurs qu’il n’y a pas "de consensus très fort sur le rôle des écoles dans les épidémies", pour lui comme certains de ses collègues, dans le cas de la Covid-19 l’école ne jouerait pas un "rôle d’amplificateur épidémique" comme elle peut le faire pour la grippe.

"Néanmoins, il y a des contaminations à l’école, des contaminations aussi chez les enseignants." Il faut donc limiter ce risque "à la fois en respectant les gestes barrière" et les protocoles et "en détectant le plus tôt possible les éventuelles infections".

 

Une campagne de dépistage qui doit permettre d'atteindre ces objectifs. "Il va falloir être très précautionneux parce que c'est un risque de contamination supplémentaire", prévient Pascal Crépey qui souligne qu'avec cette "pente douce", il faut absolument "éviter un plateau haut qui a un très gros coût pour la population".

 

Le variant indien "s'est déjà exporté dans plusieurs pays du monde"

La présence détectée du variant indien en Belgique, chez vingt étudiants étant passés par Roissy est "inquiétant mais pas forcément inattendu", estime le biostatisticien qui rappelle que ce variant "s'est déjà exporté dans plusieurs pays du monde".

Un variant "problématique" puisqu'il semble échapper à la réponse militaire sur place. "Il faut absolument éviter d'importer ce nouveau variant sur notre territoire", alerte l'épidémiologiste qui juge les mesures annoncées capables "d'éviter cette importation". Selon lui, c'est surtout la période de confinement "qui nous protège pour l'instant".

"Il y a un effet du climat sur la dynamique de l'épidémie"

Plus de 13 millions de premières doses ont été délivrées en France. Si l'on sait avec certitude que les vaccins empêchent les formes graves, la question se pose de savoir s'ils freinent leur transmission. Selon Pascal Crépey qui rapporte une récente étude, "les vaccins ARN Messager ont une efficacité contre la transmission, et empêche de devenir porteur du virus, de l'ordre de 80%". "Un très haut niveau", déjà rassure-t-il. En revanche, il y a "plus d'incertitude vis-à-vis du vaccin Astra Zeneca qui semble avoir un peu moins d'efficacité", même s'il admet qu'il a "une efficacité, toujours bonne à prendre". 

Quant à l'avenir proche, le biostatisticien estime qu'il y a "des éléments pour dire qu'il y a un effet du climat sur la dynamique de l'épidémie". Des éléments qui jouent "soit directement sur le virus, mais aussi sur nos comportements". Le beau temps arrivant, les gens vivront davantage en extérieur et aéreront plus facilement leur logement, ce qui devrait diminuer le risque de transmissions. "Avec ces effets en plus de la vaccination, la situation va s'améliorer", espère Pascal Crépey.

 

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