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Pascal Bruckner : "Nous recevons comme un boomerang, une arme que nous avons nous-même envoyée"

Par La Rédaction

Pascal Bruckner, écrivain, essayiste, membre de l’Académie Goncourt, auteur de "Un coupable presque parfait" (Grasset), était l’invité d’André Bercoff, vendredi 6 novembre, sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Pascal Bruckner invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Pascal Bruckner est l'un des premiers à parler de la haine de soi et à prévoir toute la repentance qui est aujourd'hui omniprésente dans le débat public, à travers son livre publié en 1983, Les sanglots de l'homme blanc".

"On a appliqué à la France et l'Europe, une problématique typiquement nord-américaine"

Aujourd'hui toute cette construction "est en voie d'accomplissement, de réalisation", observe l'essayiste qui dépeint une histoire complexe. "Cette théorie vient de France dans les années 1970, avec les philosophes déconstructionnistes qui voulaient déconstruire tout l'édifice des Lumière, de l'Occident, du colonialisme, du machisme", explique-t-il. Une idée qui a ensuite traversé l'Atlantique pour essaimer aux États-Unis et "nous revient en France via les universités américaines, à travers la problématique de la race, du genre et de l'identité", remarque Pascal Bruckner.

Une certaine gauche "en perte de vitesse et ne comprenant plus le monde", s'est ruée dans cette idéologie. "Puisqu'on avait mis aux poubelles de l'histoire les luttes des classes et les rapports de pouvoir économique, on allait enfin pouvoir comprendre la planète contemporaine, grâce à la race, le genre et l'identité", s'est-elle dit, selon le membre de l'Académie Goncourt. "On a appliqué à la France et l'Europe, une problématique typiquement nord-américaine", regrette l'écrivain.

"Les mémoires et les thèses sur le genre, la race et l'identité deviennent majoritaires"

Parmi les initiateurs de cette idéologie, des penseurs comme Deleuze, Derrida ou Michel Foucaud. "Des gens qui à l'époque brillaient dans les facultés", se souvient Pascal Bruckner, mais dont "leurs théories qui étaient des hypothèses dans les universités françaises sont devenues vérité d'évangile aux États-Unis". "On les a retravaillées, adaptées au moule local et reviennent maintenant en force dans nos universités, où les mémoires et les thèses sur le genre, la race et l'identité deviennent majoritaires", explique l'essayiste qui voit "une opération d'import-export assez intéressante". "Nous recevons comme un boomerang, une arme que nous avons nous-même envoyée à nos amis nord-américains", déplore l'écrivain.

"Ce que nous expliquent les nord-américains, c'est que toute la souffrance du monde vient de l'existence de l'Europe qui a colonisé, esclavagisé et qui aujourd'hui persiste à vouloir dominer les autres peuples", souligne-t-il, rappelant que la France et le contexte nord-américain "n'ont rien à voir". "Il s'agit de dire aussi que rien n'a changé, que l'histoire est immuable et que c'est toujours les États-Unis et l'Europe qui dominent le reste du monde", note Pascal Bruckner qui démontre que "toute actualité dément cette thèse". "On a construit une fantasmagorie absolument démente qui s'appuie sur les chiffres du féminicide pour nous expliquer que nous vivons dans le pire des mondes possibles et nous expliquer que rien ne sépare la situation des Françaises que la situation des Afghanes", dénonce-t-il, voyant par-dessus tout la critique "du règne d'un patriarcat abominable qui a sa source dans le monde occidental".

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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