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Olivier Babeau : "la technologie est un serviteur extraordinaire mais un mauvais maître"

Par La Rédaction

Olivier Babeau, président et fondateur de l'Institut Sapiens, professeur à l'Université de Bordeaux, chroniqueur et essayiste, auteur "Le nouveau désordre mondial" (éditions Buchet Chastel) était l’invité d’André Bercoff, mardi 13 octobre, sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Olivier Babeau invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

L'avènement du numérique au début des années 2000 a connu l'espoir d'un monde plus égalitaire où le savoir et la réussite ne se trouvaient plus qu'à une portée de clics de souris. Malheureusement, selon Olivier Babeau, le résultat est bien en deçà des espérances.

 

Une sagesse à adopter

"On attendait Grouchy, ça a été Buchères". Par cette référence historique, Olivier Babeau analyse la démocratisation du numérique qui s'est introduit désormais dans l'ensemble, ou presque, des foyers français. "Dès les années 2000, on a fondu sur ces nouvelles technologies, on est tous devenus fans", souligne l'essayiste qui note qu'un adulte "scrolle en moyenne 150 mètres de réseaux sociaux par jour, et regarde son téléphone 150 à 200 fois par jour". "On est tous devenus complètement accrocs", en conclut-il, précisant que "la technologie est un serviteur extraordinaire mais un mauvais maître". 

"Ce n'est pas un essai technophobe, c'est un essai qui essaye de parler de technosophie", assure l'auteur qui essaye de déterminer "la sagesse des technologies à adopter". "Là où on espérait tant de choses : où les entreprises pouvaient accéder à tous les marchés, les hommes au savoir, les démocraties pouvaient clarifier le débat public, la réalité émerger, il se passe diamétralement le contraire", regrette Olivier Babeau qui observe "une bipolarisation du monde, une cassure à tous les niveaux : économique, politique et social".

Un retour en arrière

Selon le professeur, "trop d'informations tue l'information". Revenant aux origines de l'impression avec Gutenberg, "pour la première fois l'Église a perdu le contrôle de l'information" à cette époque. "Le pouvoir a un peu perdu la main et ça a été une forme de démocratisation du savoir", explique-t-il. Si au XIXe siècle "les inégalités étaient fortes, avec 10% des gens qui possédaient 80% du patrimoine", le XXe siècle a été un moment "d'extraordinaire égalisation". Problème, "depuis les années 1990, on est un peu revenu en arrière", note l'essayiste.

Au sujet de l'information, la tendance est similaire. "Cette explosion d'informations devenue complètement dingue, ce coût de l'information tombé à zéro n'a paradoxalement pas amélioré sa diffusion", déplore Olivier Babeau. "Aujourd'hui, le savoir est à un clic de souris, il est totalement gratuit, c'est formidable, mais en réalité ça accélère la différence entre ceux qui n'ont pas Internet et ceux qui l'ont", observe-t-il, notant que "62% des adultes se renseignent d'abord sur les réseaux sociaux et non plus sur les médias classiques et 34% de la population n'est pas capable d'aller rechercher une information sur Internet". "Cette fracture du numérique est terrible pour toute une partie de la population", regrette le professeur.

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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