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Nos élèves sont nuls en lecture, et les raisons sont bien connues

Les résultats très inquiétants de la dernière étude Pirls sur le niveau de lecture appellent un profond changement de mentalité du système éducatif français dès la plus petite enfance.

Illustration école primaire (©Tim Douet)

Il va devenir de plus en plus difficile de faire comme si de rien n’était. Mardi 5 décembre était publiée la dernière livraison de l’étude PIRLS (Programme International de Recherche en Lecture Scolaire). Une étude sur le niveau de lecture des enfants au bout de quatre ans de scolarité obligatoire, donc, en France, le CM1. Et là, sur 50 pays, nous sommes 34èmes, tout juste devant le Chili, le Maroc ou l’Égypte. Pire, tous les pays voient leurs performances progresser depuis 2001 sauf deux : la France et la Belgique francophone. Une honte absolue.

Mais ne vous inquiétez pas, les spécialistes, ceux qui prétendent avoir le monopole de la pédagogie et qui sont responsables des réformes depuis trente ans, ont plein d’explications ! Pèle-mêle : les inégalités, les "nouveaux publics" (entendez, les immigrés et leurs enfants), les enfants qui ne sont plus les mêmes qu’avant et qui regardent des écrans, qui, du coup, manquent de vocabulaire et ne comprennent pas ce qu’ils lisent, l’élitisme de l’école française qui manque de bienveillance et sélectionne par l’échec, etc. Sauf que l’élitisme en question, qui n’existe plus que dans leurs fantasmes, ça pourrait marcher au collège, mais pour les CM1, non. Les écrans, les inégalités… ça n’existe pas en Angleterre ou en Allemagne ? Les enfants ont plus de vocabulaire ? Luc Ferry a prétendu récemment que si l’on ôtait les établissements de banlieue, la France aurait d’excellents résultats. Rien de plus faux. La preuve, dans l’étude Pirls, les pays de tête, la Russie et Singapour, ont 25% de leurs élève qui atteignent le niveau dit avancé. Nous, c’est 4%. Même nos fils de bourgeois sont nuls.

Alors que fait-on maintenant ? Eh bien on s’attaque à la racine du mal : les méthodes d’enseignement et la formation des professeurs. La France se gargarise de sa maternelle, mais il y a longtemps qu’elle ne prépare plus les enfants à devenir des élèves. Bien sûr, il y a la question du vocabulaire, mais il y a aussi l’apprentissage des gestes, de la graphie, de la concentration… Et par la suite, lecture et écriture doivent s’apprendre en même temps, la grammaire doit être entièrement reconstruite après des années de simplification, de flou…

Bref, on sait ce qu’il faut faire, mais le déni est tel que le ministre est obligé de s’appuyer sur les neurosciences pour faire taire les objections. Et pendant ce temps, les formateurs continuent à formater et déformer des générations de jeunes professeurs.

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