single.php

"On ne gère pas des pièces d'industrie, on gère des patients"

Par Benjamin Rieth

Pour la troisième fois en un an, les infirmiers ont prévu de manifester mardi à Paris pour dénoncer leurs conditions de travail et l’absence de reconnaissance. Il y a un "malaise infirmier", a déploré Nathalie Depoire, présidente de la Coordination Nationale Infirmière sur Sud Radio.

Thumbnail

Les infirmiers et infirmières en ont ras-le-bol. Conditions de travail dégradées, manque de reconnaissance ou encore absence de dialogue avec le gouvernement... Ils ont décidé de se faire entendre mardi après-midi lors d’une manifestation à Paris entre la place Denfert-Rochereau et les Invalides.

"On a un gros malaise infirmier", a expliqué Nathalie Depoire, la présidente de la Coordination Nationale Infirmière au micro de Sud Radio, se désolant de voir des collègues rentrer chez eux le soir et "ne pas avoir le sentiment d’avoir correctement fait son travail".

L’infirmière critique notamment la baisse des moyens à l’hôpital et craint le nouveau plan d’économie de 3,5 milliards d’euros. Dénonçant la logique "d’hôpital-entreprise" avec une "volonté de tout chiffrer", Nathalie Depoire déplore que les personnels de santé soient "devenus des pions sur l’échiquier". "Aujourd’hui pour réorganiser un service, on nous suit avec un chronomètre", affirme-t-elle, "or, on n’est pas en train de gérer des pièces d’industrie, on est en train de gérer des patients".

Un malaise qui touche tous les infirmiers

Une politique qui n’est pas sans conséquence au quotidien selon la présidente de la Coordination Nationale Infirmière. "On nous dit : 'Aujourd’hui, il n’y a pas assez de personnel alors tu vas changer de service et tu vas aller en cancéro' et prendre en charge des patients en chimio", explique Nathalie Depoire, s’inquiétant du potentiel danger de ces pratiques : "Vous n’avez pas les procédures du service, vous ne connaissez pas les thérapeutiques engagées. Par contre, vous êtes dans la prise en charge patient et vous engagez votre responsabilité".

Mais dans la rue, mardi après-midi, il n’y aura pas seulement des infirmiers venus de l’hôpital. Le "malaise" touche aussi les infirmiers en EHPAD, les infirmiers scolaires et les infirmiers libéraux.

Ainsi, Martine exerce depuis 25 ans en libéral et a vu le nombre de soins pris en charge par la sécurité sociale diminué : "distribution de médicaments", "mise en place de bandes de contention" ou encore administration de gouttes oculaires, selon l’infirmière. "Soit le patient paye, soit on le fait bénévolement", assure Martine, "tout ça pour avoir voulu faire gagner dix euros brut".

L'info en continu
22H
20H
19H
16H
15H
14H
12H
11H
10H
Revenir
au direct

À Suivre
/