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Mais où est passé le patron de la SNCF ?

Deux jours après la panne géante survenue Gare Montparnasse à Paris, Natacha Polony s'interroge sur l'absence médiatique de Guillaume Pepy, le Président directeur général de la SNCF. 

J'aimerais lancer un avis de recherche, une alerte enlèvement ou disparition inquiétante. On est sans nouvelles de Guillaume Pepy, PDG de la SNCF. Une panne géante à Montparnasse, des usagers errant sur les quais en quête d’information, et rien. Pas un mot, pas une apparition. Lundi matin, c’est le PDG de SNCF Réseaux, Patrick Jeantet, qui a été convoqué par la ministre des Transports. Pourtant, même si le dysfonctionnement est lié aux réseaux, c’est bien la SNCF chargée des voyageurs, baptisée maintenant SNCF Mobilités, qui a laissé ses usagers en plan. Et surtout, on peut difficilement considérer que celui qui dirige la SNCF depuis bientôt dix ans n’ait strictement aucune responsabilité dans l’état d’une entreprise qui accumule les dettes et les pannes géantes.

Quelle est la répartition exacte des responsabilités ? C’est une accumulation monstrueuse. D’abord la séparation des réseaux et de l’exploitation décidée pour permettre l’ouverture à la concurrence exigée par l’Union Européenne a permis à l’Etat de faire porter la dette sur Réseaux ferrés de France, devenu SNCF Réseaux. Ce qui l’a empêché d’investir. D’autant que la politique, pendant des années, était de privilégier le TGV, les lignes prestigieuses, modernes. Le reste, la vie des gens, l’aménagement du territoire, la mobilité de tous, on s’en contrefichait. C’est la conséquence directe de l’idéologie néolibérale selon laquelle il faut ouvrir les services publics à la concurrence, et pour cela séparer les activités de réseau et de production.

Mais comment la SNCF en est arrivée à cette gabegie ? Disons que le patron de la SNCF préfère la communication envers les journalistes plutôt que la communication envers les usagers. Rendez-vous compte : l’application smartphone de la SNCF est externalisée, si bien qu’elle n’a pas les informations sur les pannes alors qu’elle est là pour informer en temps réel… Et pendant ce temps, la SNCF, depuis 10 ans, dépense 210 millions d’euros par an en communication, c’est-à-dire en réceptions, marketing, inaugurations. En 2009, 200 événements sur l’année, un tous les deux jours. En 2017, l’inauguration des lignes Paris-Bordeaux et Paris-Rennes : 6 Mns de frais de réception (la SNCF en reconnaît 3). L’équivalent de 60 000 trajets Paris-Bordeaux. L’objectif : améliorer l’image de l’entreprise. Alors, une suggestion : pour améliorer l’image, il y a un truc simple. En finir avec la lâcheté des politiques vis-à- vis des cheminots, investir dans les lignes secondaires, investir sur le fret pour éliminer les camions de nos routes… Et là, l’image sera excellente.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

 

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