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Lutte contre le racisme, réseaux sociaux et pulsions haineuses

Édouard Philippe a présenté hier son plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Un plan qui cible les réseaux sociaux.

Édouard Philippe (@Alain Jocard - AFP)

Endiguer le "torrent de boue", c’est l’expression qu’a employée le Premier ministre et, de fait, tout le monde aura remarqué que plus on traque les "dérapages" dans les médias, en quête presque obsessionnelle d’un soupçon de racisme dans les propos des gens, plus les réseaux sociaux peuvent laisser déferler des monstruosités faites de haine, de diabolisation de l’autre, de celui qui ne pense pas comme soi. Le gouvernement a donc mis en place un groupe de travail qui doit préparer un texte de loi permettant de faire retirer immédiatement les contenus incriminés, et de mettre en cause les plate-formes qui abritent complaisamment ces contenus. Mais il ne faut pas s’imaginer que traiter le symptôme, fermer la plaie purulente, suffira à purger l’abcès.

Le sentiment d’impunité que donne l’anonymat réveille les pulsions les plus ignobles, mais l’enjeu est de comprendre comment de telles pulsions peuvent exister au sein d’un peuple, et ce qu’elles révèlent des tensions qui parcourent la société. Le problème, ce ne sont pas les réseaux sociaux, c’est la haine qui se développe et que nourrissent des individus qui pourtant devraient partager un destin commun. Quelque chose s’est brisé, qui s’appelle la communauté politique, la nation. Il n’y a plus que des individus pétris de haine pour quiconque ne pense pas comme eux, d’autres pétris de ressentiments et persuadés que l’ensemble de la société a une dette inexpiable envers eux. La question est de savoir comment on répare une communauté malade, comment on construit une mémoire et un projet communs. Sans cela, contrôler les réseaux sociaux, mettre un couvercle sur une marmite bouillonnante, ne changera rien.

Le gouvernement étudie aussi la loi britannique, dans laquelle c’est la victime qui qualifie les faits de racistes. Dans un contexte de ressentiment généralisé, où des associations et des groupes d’influence persuadent certains que c’est la République elle-même qui discrimine, et que la laïcité à la française est raciste, islamophobe ou tout ce qu’on veut, se fonder essentiellement sur le ressenti des victimes, c’est ouvrir la boîte de Pandore. Cela signifie tout simplement qu’on entre dans une tyrannie des minorités et des individus où la susceptibilité et la subjectivité de chacun doivent s’imposer à la société dans son ensemble. Aucune vie en commun n’est possible sous ce régime.

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