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L’inquiétante explosion des pacs blancs pour faciliter la mutation des enseignants

Certains professeurs sont prêts à tout pour être mutés et n'hésitent pas à passer des petites annonces pour contracter des pacs blancs.

Lycées passant le bac

On le sait, les jeunes profs sont souvent envoyés en région parisienne pour débuter leur carrière. On les envoie se faire les dents auprès de populations d'élèves souvent compliquées à gérer au milieu du bruit et de la fureur de la ville et des banlieues. C'est d'ailleurs plus souvent vécu comme une punition qu'un cadeau de l'Éducation nationale.

Désespérés, plusieurs d'entre eux ont lancé une ultime bouteille à la mer en postant sur Internet une annonce. Prenons l’exemple d’Adèle, professeure des écoles de 34 ans. "Je ne suis pas fière d’avoir à en arriver là, mais je n’ai pas d’autre choix. Sans pacs, je ne bougerai jamais". Au-delà des difficultés d'enseignement, Adèle n'en peut plus : des trajets qui n’en finissent pas, des locaux vétustes, un rythme effréné, une formatrice exécrable, un niveau de vie amoindri… Dès sa première année, elle est à deux doigts de jeter l’éponge. Pour elle, seul le pacs peut lui permettre d'imaginer un autre horizon et d'obtenir en plus un peu d'avancement...

Au même titre que le mariage, le pacs permet à ses signataires de bénéficier du bonus de 90 points accordé par l’Éducation nationale pour faciliter le rapprochement des conjoints. Être séparé accroît encore les chances d'obtenir l'académie visée : 25 points pour une année de séparation, 150 à partir de la quatrième année, 475 à partir de la cinquième. Et le tour est joué ! Il ne reste plus ensuite qu'à rompre le Pacs, après obtention de la mutation souhaitée.

Ces dernières années, 4 000 pacs blancs auraient ainsi été signés entre enseignants. En deux ans, ces pratiques ont littéralement fait exploser les barèmes de l’Éducation nationale : quand le pacs permet d'obtenir d'un coup 90 points, il faut cinq ans en ZEP pour en obtenir 85... Un enseignant "honnête" qui gagne 10 points par année d'ancienneté fait figure de dindon de la farce. "Il me faudra huit ans d'enseignement dans mon établissement de Seine-Saint-Denis pour obtenir les 161 points actuellement nécessaires pour être muté sur Aix-en-Provence", accuse ainsi un jeune professeur célibataire.

Il serait temps de remettre un peu d'ordre dans ces pratiques.

Réécoutez en podcast l’édito de Christophe Bordet dans le Grand Matin Sud Radio

 

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