"La coupable ce n'est pas moi, ni mes fringues (...), le violeur c'est toi", ont scandé plusieurs dizaines de femmes, le doigt pointé, devant le tribunal de justice d'Avignon vendredi en soutien à Gisèle Pelicot et aux autres victimes de violences sexuelles.
Cette femme de 71 ans a accepté que le procès de son ex-mari Dominique Pelicot, accusé de l'avoir droguée et d'avoir recruté des dizaines d'inconnus sur internet pour la violer pendant près de 10 ans se tienne sans huis clos à Avignon pour "que la honte change de camp".
A l'appel de "la chorale féministe" et du "collectif des droits des femmes", environ 200 personnes, des femmes et quelques hommes, se sont rassemblées, brandissant des pancartes: "le violeur c'est mon père, c'est mon frère, c'est mon pote ou le tien", "le violeur ne prend pas perpet', moi si" ou encore "la honte change de camp".
"J'ai une entière admiration pour elle (Gisèle Pelicot). Je trouve que c'est très courageux ce qu'elle fait. Elle porte la voix de tellement d'enfants et de femmes et même d'hommes puisque ça arrive aussi" à des hommes, explique Nadège Peneau, 46 ans, qui habite à Orange, à 30 km au nord d'Avignon.
"C'est quelqu'un qui me ressemble elle a mon âge, ça aurait pu m'arriver. Ca peut arriver à des enfants, à des adolescents, à tout le monde, donc je me sens concernée", déclare Marylise Louaget, une Avignonnaise de 70 ans qui dit être venue soutenir Gisèle Pelicot.
"Levons-nous femmes en rage et brisons toutes les cages. Debout! Debout!", ont aussi entonné les membres de la chorale féministe, l'hymne des femmes, sur l'air du Chant des marais, composé en 1933 par des prisonniers allemands communistes opposés au régime nazi.
Le député La France Insoumise de Vaucluse, Raphaël Arnault, a assuré qu'il y a là un "combat politique à mener", notamment pour mettre fin au "fantasme" du viol par un inconnu dans la rue.
91% des victimes de viol ou tentative de viol en France en 2017 connaissaient leur agresseur, selon un rapport de la présidente de la délégation aux droits des femmes à l'Assemblée nationale, Marie-Pierre Rixain, de la députée Sophie Auconie et de la cheffe du service des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes, Hélène Furnon-Petrescu.
AFP / Avignon (AFP) / © 2024 AFP