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Le retour des péages urbains : une mauvaise idée pour l'avenir de la ville ?

Le retour des péages urbains, une mauvaise idée pour l'avenir de la ville ? Éléments de réponse avec Henri Guaino.

Les péages urbains reviennent à la mode. Il est vrai que certaines villes l'utilisent, Londres en est le symbole, et il est vrai que nous sommes confrontés à l'encombrement des villes mais l'idée que tout se règle par les prix, que tout est une question monétaire est une idée qui commence à devenir extrêmement nocive pour la société et l'économie.

Pour rappel, 38% des déplacements en Île-de-France se font en automobile, 20% avec les transports en commun et plus de 15 millions de déplacements automobiles sont enregistrés par jour, donc des milliards par an. Tout cela est évidemment difficile à gérer, mais ce n'est certainement pas par les péages urbains que l'on va y parvenir de la meilleure des façons. D'abord, c'est un retour en arrière. Il faut remettre cette histoire dans sa perspective historique, celle des barrières d'octroi, ces barrières qui couvraient la France et par lesquelles on faisait payer des droits de douanes à l'intérieur du territoire français. L'exemple le plus célèbre étant celui de Paris en 1885, quand on construisit l'enceinte des fermiers généraux, longue de 24 km et dont des vestiges sont encore visibles. Ce mur a été ensuite incendié pendant la prise de la Bastille, supprimé en 1791 puis rétabli sous le consulat. Ensuite, il a de nouveau été supprimé puis de nouveau rétabli... Sa dernière suppression interviendra en 1943, sous le gouvernement de Pierre Laval mais l'octroi ne sera officiellement supprimé qu'en 1948. L'octroi, qu'est-ce que c'est sinon une multitude de frontières intérieures et de postes de douanes à l'intérieur du pays. C'est le baron Hausmann qui démolira physiquement le mur des fermiers généraux, souhaitant libérer Paris de son corset afin de l'élargir. Par la suite, il restera les fortifications qui seront démolies mais dont l'emplacement sera occupé, dans les années 60, par le périphérique. Ce qui fait que Paris, d'une certaine façon, reste toujours entourée mais cette fois-ci d'une sorte de fossé plutôt que d'un mur.

Il existe d'autres frontières, administratives, juridiques ect... Ce que l'on peut appeler les frontières de papier qui sont au moins aussi redoutables et qui forment ce que l'on appelle le zonage avec également les ZUP, les ZAP, les ZEP, dans les lesquelles les gens ont des statuts différents. Or, le grand enjeu de notre époque, dans le fond, c'est le dézonnage, c'est-à-dire rétablir la continuité du tissu urbain. Des trames plutôt que des enclos, car dans les trames, il y a l'idée du lien social et de la continuité de la société. Il s'agit de faire des villes qui rayonnent plutôt que des villes prédatrices à l'air des grandes métropoles.

Le péage urbain, l'existence des zonnages, cela coïncide avec la fin des grandes frontières et la montée des petites, ces frontières dans les têtes, celles qui font les petits et les grands égoïsmes qui déchirent la société. 

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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