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Le regard libre d'Élisabeth Lévy sur le renoncement d'un collège à s'appeler Samuel Paty : "Le risque, c’est que cette peur soit le début de la soumission"

Le collège les Eucalyptus d’Ollioules ne sera pas rebaptisé Samuel Paty. Robert Beneventi, maire LR de la ville, souhaitait le renommer en l'honneur du professeur assassiné le 16 octobre. Il avait l’accord de la famille et du conseil départemental. La consultation numérique: 100 % des professeurs, 89 % des parents et 69 % des élèves se sont opposés au projet. Comment interpréter […]

Le collège les Eucalyptus d’Ollioules ne sera pas rebaptisé Samuel Paty.

Robert Beneventi, maire LR de la ville, souhaitait le renommer en l'honneur du professeur assassiné le 16 octobre. Il avait l’accord de la famille et du conseil départemental. La consultation numérique: 100 % des professeurs, 89 % des parents et 69 % des élèves se sont opposés au projet.

Comment interpréter ce résultat ?

D’abord, comment ne pas l’interpréter. Ce n'est pas une manifestation massive de séparatisme. Même chez les jeunes musulmans, 25 % ne condamnent pas les attentats de Charlie (donc 75 % le condamnent). Il y a deux raisons à cela. La jeunesse, c’est joyeux, c’est l’optimisme. Il ne faut pas leur donner des idées noires. Une représentante du SNES a expliqué: "Nous avons déjà une rue du Colonel-Arnaud-Beltrame cela fait beaucoup d’histoires lourdes de sens pour un établissement qui accueille un jeune public". C'est une très mauvaise raison. Les collégiens, ils sont informés. À sa façon, Paty est un héros. Il a tenu bon sur les caricatures comme les gens de Charlie, morts pour notre liberté. Ce sont des exemples pour des ados.

La véritable raison, c'est le risque. Le maire a regretté leur pusillanimité. On se couche dit-il. C'est facile d’être héroïque avec les enfants des autres. Personne ne peut intimer aux autres l’ordre d’être héroïque. Surtout pas les journalistes car eux, quand ils sont menacés, on leur file deux policiers. Et quand on les appellent à publier des caricatures, ça n’a pas beaucoup réagi. 

Donc, vous approuvez la décision du collège ? 

Je n’ai pas à leur donner de leçon. Soyons honnêtes. Nous faisons des grandes déclarations, personne ne veut mourir pour Paty ou pour une caricature. Bien sûr, il y a des choses qui méritent que l’on prenne le risque de mourir pour elles, la liberté évidemment. Mais le plus tard possible. 

Plus inquiétant, 49 % des profs disent s'être déjà autocensurés sur les questions religieuses pour éviter des incidents. Là, il ne s’agit pas d’un symbole mais de la possibilité de transmettre ce que nous avons de plus précieux : l’esprit critique, l’examen raisonné. La liberté de penser et de blasphémer. 

Tout ce la montre que l’un des buts des djihadistes est atteint. Nous avons peur. Nous avons des raisons d’avoir peur. Le risque, c’est que cette peur soit le début de la soumission.

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