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Le regard libre d'Elisabeth Lévy - Pourquoi il faut rouvrir les églises

Le Premier ministre a parlé d'une éventuelle réouverture des églises pour la Pentecôte, tandis que le ministre de l'Intérieur estimait - en grand théologien - qu'il n'y avait pas besoin de lieu de culte pour prier. Pendant ce temps, la communauté catho s'impatiente, obéissante mais pas soumise, sans brûler de voitures.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

 

Finalement, Édouard Philippe a déclaré devant le Sénat que les lieux de culte pourraient peut-être ouvrir le 29 mai, donc pour la Pentecôte. 

Encore une éventualité. Les cathos se rebiffent. En ont marre d’être traités « comme la dernière roue du carrosse de la nation française », dixit Monseigneur Lebrun, évêque de Rouen. 

Déjà, ils étaient furax quand la police est entrée dans une église parisienne le 19 avril. «Il faut arrêter ce cirque, sinon on va aboyer très fort !», a prévenu Monseigneur Michel Aupetit, archevêque de Paris. L’annonce d’Édouard Philippe le 28 avril, selon laquelle il n’y aura pas d’ouverture des lieux de culte avant le 2 juin a fait monter la tension. La Conférence des évêques de France a tenu des visioconférences de crise avec 73 parlementaires. Il en ressort que les pratiquants ne sont pas des citoyens de seconde zone, qui vaudraient moins que des consommateurs. 

Cela n’a pas empêché Castaner de remettre une pièce dans la machine : « la prière n'a pas forcément besoin de lieu de rassemblement ». Ce qui déclenche à la fois l’hilarité et la colère de la cathosphère.

Car Castaner fait de la théologie.

En l’occurrence. La laïcité veut que les religions ne se mêlent pas de politique et l’inverse est vrai. De plus, normalement, on n’a pas besoin d’être croyant ni même catholique pour connaître l’importance de la communion dans le christianisme. L’inculture religieuse de nos élites en général a de quoi nourrir l’incompréhension. 

Les catholiques en veulent surtout à Macron. Le 18 octobre, lors de la conférence des Bernardins, on leur faisait des grands mamours, “l’homme a besoin de transcendance, vous êtes le sel de la terre”. Aujourd’hui, Emmanuel Macron plastronne avec le Pape sur le monde, sûrement pour montrer qu’il a ses entrées en haut lieu. Très bien. Ce déconfinement traduit les priorités et révèle la conception de l’humanité, réduite à sa définition biologique et à ses fonctions de producteur et de consommateur. Certains vont à la messe, d’autres à la salle de gym. Mais pour les croyants, la pratique n’est pas un colifichet culturel ou un loisir parmi d’autres. 

Donc, il faudrait renoncer aux objectifs sanitaires pour leur permettre de pratiquer ? 

Non. Mais les catholiques ont été les bons élèves depuis le début. Ils ont renoncé à Pâques sans moufter - les autres aussi d’ailleurs. Ils ont même proposé un protocole sanitaire très détaillé. En réalité, il semble que le pouvoir craint de rouvrir les mosquées avant la fin du ramadan et que le Conseil français du culte musulman n’est  pas très pressé. Car le gouvernement sait qu’il ne pourra pas contrôler la situation. 

Certes, les cathos ne brûlent pas de bagnoles mais obéissance n’est pas soumission, comme le souligne justement Monseigneur Aupetit. Macron devrait se rappeler la manif pour tous. Et se méfier de l’eau bénite qui dort. Oui, il faut rouvrir les lieux de culte.  

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