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Le regard libre d'Elisabeth Lévy - La méthode du gouvernement pour contrer le COVID-19 ?

Olivier Véran et ses troupes jouent la transparence totale, prônant le fait de suivre à 100 % les indications des personnels de santé. Mais ne serait-ce pas un moyen de se dédouaner de certaines responsabilités, lesquelles sont désormais conférées aux élus locaux ?

Le regard libre d'Elisabeth Lévy

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Penchons-nous sur la gestion par le gouvernement de la crise du coronavirus.

Derrière chaque décision du gouvernement, il y a l’avis d’une blouse blanche. Et derrière cette assertion, martelée quotidiennement par les excellents Olivier Véran et Jérôme Salomon, le message est clair : le gouvernement ne fait pas de politique. Doublement transparent d’ailleurs : un, il n’a rien à cacher, deux : il se contente de mettre en musique les avis des blouses blanches. D’ailleurs, le vocabulaire est éloquent : on parle d’autorités sanitaires. Deux mots qui impressionnent. On peut critiquer un gouvernement, et même le défier. Mais qui se rebellerait contre les « autorités sanitaires » ?

Pas vous, j’espère.

Non, je leur fais parfaitement confiance. Il faut aussi saluer le maillage administratif français, héritage colberto-napoléonien grâce auquel l’État a des bras armés partout.

En revanche, l’idée selon laquelle, quand les experts ont parlé, la politique n’est plus qu’un traducteur automatique, relève du fantasme du gouvernement rationnel. S’il y avait une bonne politique qui découle naturellement de l’observation sanitaire, tous les gouvernements, qui disposent également de cerveaux et d’excellentes blouses blanches, et dont aucun ne veut voir ses citoyens périr, prendraient les mêmes décisions.

Vous ne voudriez pas que le gouvernement ignore les experts ?

Non. Mais les généraux ne définissent pas la stratégie. L’épidémie place les dirigeants, y compris les élus locaux, devant l’obligation d’exercer leur responsabilité politique dans le sens le plus exigeant de ce terme. Cela signifie peser des milliers de fois les risques de l’abstention et les coûts de l’action. Que faut-il annuler, fermer, restreindre ? Si vous interdisez la voiture, il y aura forcément zéro mort sur la route. Si tout le monde reste chez soi, plus de virus. Et plus d’économie non plus.

Chacun individuellement est prêt à payer le prix fort économiquement pour sauver sa vie ou celle d’êtres chers. L’invention de la politique visait à faire émerger l’intérêt général. En l’occurrence, trouver l’équilibre entre deux risques, sanitaire et humain, d’un côté économique et social de l’autre.

Finalement, le gouvernement en fait-il trop ou pas assez ?

La réponse d’un individu lambda, dictée par sa propension à l’optimisme et son degré de peur des maladies, n’a aucun intérêt. Une chose est sûre, il y aura un coût. Donc, on accusera le gouvernement : soit il sera responsable de morts évitables comme on dit, soit il nous aura fait perdre des milliards pour rien.

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