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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - "La décision du Conseil d'État n'est pas une gifle au gouvernement mais à tous les citoyens"

Ce jeudi, Élisabeth Lévy revient sur la suspension de la réforme de l’assurance-chômage par le Conseil d’Etat.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Ce jeudi, Élisabeth Lévy revient sur la suspension de la réforme de l’assurance-chômage par le Conseil d’Etat.

Un paquet de gens, opposition, syndicats, médias, sans oublier notre cher Alexis Poulin, ont salué une nouvelle gifle pour Macron. 

Il y a mille raisons de critiquer cette réforme. Mais, mine de rien, la haute juridiction vient de mener un coup d’Etat institutionnel en censurant le gouvernement non pas au nom de la légalité, mais au nom de l’opportunité. Aujourd’hui, ils se réjouissent qu’une réforme décidée par un Président et adoptée par une majorité pour lesquels ils n’ont pas voté ait été retoquée. Demain, des lois qu’ils approuvent ou réclament connaîtront le même sort.

Cet empêchement à l’action politique qui se pare des atours du droit ne peut qu’accentuer le sentiment de dépossession démocratique qui nourrit l’abstention. Cela révèle une erreur d’analyse largement partagée sur l’origine de cette abstention et, plus largement, sur la défiance croissante à l’égard de la politique. 

Que voulez-vous dire ? 

Contrairement à un lieu commun répandu, ce n’est pas l’autoritarisme ou l’activisme du pouvoir qui éloigne les électeurs des urnes, c’est son impuissance. Pourquoi se déplacer pour élire des dirigeants qui semblent incapables d’agir sur le cours des choses ? D’ailleurs, l'affaire de l’assurance-chômage est emblématique : elle était exigée par l’Europe, a été arrêtée par le Conseil d'État. A quoi sert le gouvernement ? 

Le pouvoir exécutif est pris dans une tenaille institutionnelle.  Il est contraint et parfois ligoté par l’Europe. Madame Van Der Leyen vient à Paris pour dire si le plan de relance français lui convient.  Il est également soumis aux décisions de la Cours Européenne des Droits de l'Homme et de toute une flopée d’autorités administratives, du Défenseur des droits au CSA qui, dans leur domaine, peuvent se substituer au pouvoir politique. 

Et maintenant, le Conseil d'État n’est plus un conseilleur mais un décideur. Et en l’occurrence, cela veut peut-être faire payer à Emmanuel Macron la réforme annoncée.

Or, non seulement ces instances ne sont pas élues, mais elles ne sont pas responsables devant les électeurs. Si vous n’êtes pas satisfait du gouvernement, vous allez voter. Si vous n’êtes pas content des décisions de l’Unions Européenne ou du Conseil d'État, vous n’avez qu’à la fermer. Ce n'est pas une gifle au gouvernement, mais à tous les citoyens. 

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