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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - "Je ne marche plus dans ce bal des tartuffes"

À ceux qui se rachètent une conscience après avoir défilé à la marche contre l'islamophobie : ce n'est pas l'islamophobie qui tue. À nos politiques qui tentent des discours de fermeté après n'en avoir que trop peu fait : les Français ont peur. Et le pire, c'est qu'il est peut-être trop tard.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Des milliers de manifestants pour la liberté d’expression. Ça vous rassure ?

Désolée, je ne marche plus. Depuis vendredi, c’est le bal des tartuffes mais les mensonges répétés ne deviennent pas des vérités.

Le premier mensonge, celui du « Nous ne cèderons pas » quand nous avons tant cédé. Le ridicule « Ils ne passeront pas » du président quand ils sont passés depuis longtemps. Un rituel répété dix fois depuis 2015 sans jamais avoir la moindre conséquence. Même quand l’État prétend agir en refusant d’accueillir un faux mineur, il y a toujours un juge en embuscade pour le faire plier. On finit par penser qu’État de droit est synonyme de désarmement.

Peut-on au moins entendre les appels à l’unité ? 

C’est la plus grande escroquerie de ce week-end de dupes. Communion et effusion cachent une vaste opération de blanchiment. Depuis trente ans, sur la question de l’islam radical, il y a deux camps : le déni et l’accommodement fave à la lucidité et à la fermeté. Le premier n’a cessé d’insulter le deuxième, tout en expliquant aux jeunes musulmans qu’ils étaient victimes d’un État post-colonial. Il y a un an, beaucoup défilaient avec les ennemis de cette République qu’ils chérissent aujourd’hui. Mélenchon, l’UNEF, SOS-racisme, la LDH, ont refusé de voir et ils s’offrent une conscience à bas prix. Même la mosquée de Pantin qui a relayé les vidéos pleurniche ! Eh bien non, tout n’est pas pardonné.  D’ailleurs, ils ont déjà entonné le grand air du « pas d’amalgame »

On ne peut pas confondre les millions de musulmans pacifiques et les tueurs. Mais ensuite... 

On ne peut plus dire non plus que les tueurs n’ont rien à voir avec l’islam. Il n’y a pas de frontière étanche entre islam et islamisme, le second vient de l’intérieur du premier. Il y a des millions de musulmans pacifiques mais qui ne comprennent pas qu’on puisse caricaturer leur prophète. Ils devraient se mobiliser en masse, à coups de “Not in my name”. Leur seule réaction n’est autre que de penser que ça va se retourner contre eux. Ce n’est pas l’islamophobie qui tue.

Mais beaucoup ont peur. 

Tous les Français ont peur. Encore un mensonge. Jean Castex s’épanchait d’un « Nous n’avons pas peur. Nous sommes la France ! » Tu parles Charles ! Les policiers ont peur. Les professeurs. Les journalistes. Tous ceux qui dès vendredi ont publié les caricatures sur leur compte Twitter ont peur. La peur n’interdit pas le courage et ne dispense pas de combattre. Ce qui fait plus peur, c’est qu’il est peut-être trop tard.

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