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Le regard libre d'Elisabeth Lévy - Et si nous étions des enfants ? Des feignasses subventionnées ?

Les parents dont les élèves ne retourneront pas à l'école ne pourront plus bénéficier du chômage partiel. Indignation à tous les étages. Mais est-ce que tout nous est dû même si nous sommes des contribuables ? Et pourquoi les Français approuvent massivement tout ce qui prolonge le confinement ?

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

La question de la rentrée scolaire s’embrouille chaque jour un peu plus. Les parents qui n’enverront pas leurs enfants à l’école ne bénéficieront plus du chômage partiel. Voilà le point noir du déconfinement. Un gigantesque casse-tête. La rentrée est échelonnée sur trois semaines, reste hypothétique pour les lycées. Et laissée au libre choix des parents. Seulement, ce choix aura un coût que beaucoup ne peuvent pas se permettre. Si l’école est ouverte et qu’ils décident de garder leurs enfants, ce sera à leur frais : ils perdront le bénéfice du chômage partiel. Ce qui scandalise évidemment à gauche, notamment chez les Insoumis. Raquel Garrido a même eu cette formule arbitraire : « chacun doit choisir entre sa santé et son job ».

Est-ce pour autant scandaleux ?

Non. Je pense que ce concept de « rentrée facultative » était une erreur, mais comme me l’a dit un connaisseur du mammouth – je dis ça affectueusement -, pour imposer la rentrée, il aurait fallu faire appel à la force, une sorte de brigade des cours de récré. En tout cas, cet État social prétendument détruit a de beaux restes. Depuis le 17 mars, 1,7 million de parents reçoivent une très grande partie de leur salaire (grâce à l’État et à la participation des entreprises) pour garder leur enfant. Après 2 mois et demi, il faut bien que ça s’arrête, non ?

Et bien non, ce n’est pas l’avis des Français. Dans le plan de déconfinement, ces derniers approuvent massivement tout ce qui prolonge le confinement, à l’image de la fermeture des bistrots et des églises, et désapprouvent massivement la rentrée scolaire. On comprend qu’ils soient inquiets avec le danger d’une deuxième vague épidémique ; certes. Nous allons donc vivre avec cette inquiétude, or on dirait que le déconfinement est une option. L’État paiera. C’est un droit acquis, ce qui veut dire que c’est un dû. Mais c’est une curieuse vision de l’État, comme une sorte d’Oncle Picsou à qui il faut faire lâcher son magot. Or, les ressources de l’État proviennent bien de quelque part, en l’occurrence de notre boulot. « L’État doit faire ceci ou cela pour moi », cela veut dire la collectivité me doit ceci ou cela. C’est parfois vrai. Mais ça doit avoir une limite.

Et nous l’avons atteinte ?

Après l’héroïsme de l’inaction, après les grands mots et les applaudissements, on pouvait espérer un élan dans lequel on se retrousse les manches, on se dit qu’on va y arriver. Comme disait Danton, de l’audace ! Mais en lieu et place de l’audace, voici un festival de craintes et de récriminations, de « j’veux pas y aller ! ». Vincent Tremolets de Villers s’énerve contre les recommandations innombrables du gouvernement et parle « d’un pays transformé en une immense garderie pour 60 millions de cancres ». Oui, mais si on nous traite comme des enfants, c’est peut-être que nous nous comportons comme des enfants.

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