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Le regard libre d'Élisabeth Lévy : Camélia Jordana en étendard du discours victimaire

La fantasmagorie liée au discours victimaire que nous rabâche une partie des élites a encore frappé. Cette fois, c'est Camélia Jordana, chanteuse et comédienne, qui s'en est faite l'étendard. Sur le plateau d'On n'est pas couché, elle a déclaré que des personnes se faisaient massacrer pour leurs couleurs de peau dans les banlieues françaises. Au-delà du discours, ces inepties font même oublier qu'une partie des enfants d'immigrés sont devenus médecins, professeurs, ou encore chanteurs. En somme, elle impute un problème d'intégration à la France et aux policiers. Rien que ça.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

 

Vous voulez revenir sur les propos de Camélia Jordana à On N'est Pas Couché. 

"Quand j’ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic." Cette fille d’une chef d’entreprise et d’un thérapeute, a dû avoir souvent affaire à la Bac. Ce qui est plus grave, c'est ce qu'elle a dit après. Des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau. Évidemment, tout cela est fantasmagorique. Laurent Ruquier n’a pourtant pas jugé utile d’intervenir. Et Philippe Besson a approuvé cette énormité en rappelant mollement que des policiers étaient agressés. Christophe Castaner lui a déclaré que ces propos étaient mensongers et honteux. Ils sont aussi emblématiques de la rhétorique victimaire et accusatoire qui impute la faillite de l’intégration au racisme français en général et policier en particulier. La France est coupable et cette enseigne est reprise par une grande partie des élites.

Faillite de l’intégration, n’est-ce pas excessif ? Et prétendez-vous que le racisme de la police n’existe pas ? 

La faillite concerne une minorité, mais importante, de la jeunesse immigrée. Badinter parlait de deuxième peuple, Macron de séparatisme. Quant au racisme de la police, il y a des racistes, ils sont dénoncés et poursuivis. Les policiers contrôlent au comportement, pas au faciès. Bien sûr, ils font du profilage. Ils arrêtent les jeunes à capuche plus volontiers que les dames à caniche. Ceux qui s’indignent quand un jeune meurt victime de ses propres conneries (rodéo, refus d’obtempérer) devraient s’interroger sur la surreprésentation de l’immigration dans nos prisons. Les juges condamneraient des gens parce qu’ils sont noirs ou arabes ? 

Vous ne pouvez pas nier les déterminismes sociaux… 

Ils existent et pas seulement pour les immigrés. Mais d’une part, vous pouvez bénéficier de l’Etat social sans même avoir à travailler. D’autre part, en dépit de tous les naufrages, la méritocratie républicaine a de beaux restes. Curieusement, Camélia Jordana oublie tous les enfants d’immigrés devenus médecins, professeurs, commerçants, ministres ou chanteuses et assigne à résidence victimaire tous ceux qui ont l’intention de le devenir. 

Quand on veut on peut, un peu court non ?  

On peut en tout cas choisir de se plaindre et d’accuser la terre entière ou faire sa part. Jordana devrait regarder le Brio, le délicieux film d’Yvan Attal qui lui a valu un César. Car le propos de ce film est radicalement contraire de ceux qu’elle tient aujourd’hui. « J’aimerais dire à toutes les Neila (son personnage) que quand on se donne les moyens et qu’on ne lâche pas il se passe des trucs », déclarait-elle en 2017. Et moi j’aimerais dire à tous les enfants d’immigrés qui seraient tentés de croire les âneries qu’elle profère aujourd’hui : on ne nait pas délinquant, on le devient.

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