Pour répondre à la délinquance des jeunes, Eric Ciotti a son idée : l’armée. Un avis que ne partage pas Élisabeth Lévy dans son édito du jour.
La France Orange mécanique défile chaque jour sur nos écrans, suscitant un effroyable vertige de répétition et d’impuissance. Que faire ? Comment punit-on un ado de 15 ans qui jette des mortiers sur la police ? Même les partisans du tout-carcéral savent que la neutralisation provisoire des fauteurs de troubles ne les rééduquera pas.
Éric Ciotti suggère dans une lettre à Eric-Dupond Moretti de réactiver la loi qu’il a fait voter en 2011 qui permet de placer des délinquants de 16 à 18 ans dans un établissement d'insertion doté d'un encadrement militaire pour un service citoyen de 6/12 mois. Du reste le Garde des Sceaux travaille avec Florence Parly à un partenariat justice-armée pour certains délinquants mineurs et jeunes majeurs.
En juillet devant la commission des lois il dit : "Je préfère qu’un adolescent ait pour idole un militaire plutôt qu’un islamiste ou un caïd".
L’idée n’est pas absurde.
C'est une fausse bonne idée. Passons sur les insondables questions logistiques donc budgétaires qui ruineraient la mise en œuvre. L’armée n’est pas un auxiliaire de la Protection Judiciaire de l'Enfance ni de l’Education Nationale. Sa mission : "préparer et assurer par la force des armes la défense de la patrie et des intérêts supérieurs de la nation". A-t-elle besoin de jeunes délinquants pour assurer cette mission ? Non. Sont-ils prêts à tuer et à être tués pour la France ? Non.
On ne dit plus qu’il faudrait à ces voyous une bonne petite guerre mais on espère que la vie militaire fera d’eux des hommes responsables et respectables, bref que l’armée réussira là où la famille, l’école et la justice ont échoué.
Pourtant, vous défendez les valeurs militaires.
Ces valeurs militaires sont ou devraient être largement celles de l’éducation. Si les parents piétinent devant les écoles les plus strictes, c’est parce que la transmission suppose discipline, hiérarchie, verticalité, autorité. Cela ne suppose pas que les élèves marchent au pas, mais qu’ils fassent l’apprentissage de la contrainte, de la limite, de l’effort. Moins de sollicitude, plus d’exigence.
"Eh, ici, ce n’est pas l’armée", dit la langue populaire. Au lieu de demander à l’armée de faire l’école, on devrait plutôt demander à l’école de ressembler un peu à l’armée.