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Le discours d'Emmanuel Macron au dîner du CRIF

Un discours très attendu hier soir : celui d’Emmanuel Macron devant le CRIF, le conseil représentatif des institutions juives de France. Alors, le chef de l’état a-t-il réussi ce discours ?

À l’évidence oui. D’abord sur la forme : en rappelant ce que la construction, l’identité de notre pays doit aux juifs, qu’ils soient intellectuels ou simples citoyens. De Rachi, l’immense exégète de la bible, le poète né et mort à Troyes au 11ème siècle, à Simone Veil et Robert Badinter. Même si tous les présidents de la république se sont livré à cet exercice de respect, de reconnaissance de la nation, et bien hier soir, ces mots résonnaient plus fort car ils sont prononcés dans un contexte mortifère, une nouvelle fièvre antisémite. 

Sur le fond, des actes sont attendus. D’abord pas de nouveau texte loi pour assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme mais l’adossement juridique de la France à la définition de l’alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste qui considère que l’antisionisme est une des formes modernes d’antisémitisme ... En gros, c’est un biais, qui enterre l’idée de la loi sur la question mais va permettre au juge, par un pouvoir discrétionnaire, de condamner plus facilement pour antisémitisme des propos antisionistes. Deuxième point, certainement le plus fort : le durcissement, ou en tout cas, le souhait de durcir des sanctions pour les contenus de haine antisémites, et plus largement racistes sur les réseaux sociaux. Sur le modèle allemand qui condamne à des peines financières très lourdes les hébergeurs de contenus antisémites. Jusqu’à 50 millions d’euros d’amende si le contenu n’est pas retiré dans les 24h. Troisième mesure forte : un audit sur la déscolarisation des élèves juifs qui quittent l’école publique au profit d’écoles privées parce qu’ils subissent des agressions verbales antisémites. Et enfin, la dissolution des groupes extrémistes.

Ce discours a été ovationné par la communauté juive et c’est normal. Elle est la cible de la haine, la première, celle qui est à l’avantage garde de la haine. Elle a besoin d’être rassurée. À ce titre là, au moins momentanément, c’est un exercice réussi. Mais, car il y a un mais, j’ai été très heurtée par les propos du président du CRIF, Francis Khalifa, qui, tout en refusant de faire l’amalgame entre gilets jaunes et antisémitisme, l’a tout de même fait avec cette phrase "l’antisémitisme se portait bien avant les gilets jaunes. Il se porte encore mieux après". 

Et dans son discours, Emmanuel Macron a également lui même fait, en slalomant, une forme d’amalgame entre la montée de l’antisémitisme, des racismes, mais aussi de l’antiparlementarisme, de la violence... Bref suivez mon regard. C’était à fleuret moucheté mais j’ai trouvé cela déplacé. Je rappelle que les actes antisémites sont en progression sur l’année, bien avant l’existence des gilets jaunes. À part cela, une prestation réussie. 

Il y aura un avant et un après ces cours, a d’ailleurs dit le président du CRIF. Mais il n’en reste pas moins vrai que je vous donne 2 chiffres accablants. Le premier c’est ce sondage IFOP : 22% des français pensent qu’il existe un complot sioniste mondial. Le deuxième, c’est l’Allemagne. Même si les sanctions, on l’a vu, sont très sévères, l’extrême droite a aujourd’hui 91 députés. À méditer.

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