La France a donc décroché l'organisation des Jeux Olympiques 2024. Les sportifs sont contents, les politiques aussi, mais les Français ?
Je n’ai pas encore trouvé de foule en liesse. On risque de se faire traiter de rabat-joie, mais on sent surtout beaucoup de gens méfiants, parce que ça sent l’opération de communication.
Le seul élément amusant va être de suivre la concurrence entre Macron et Hidalgo dans les prochaines années.
Mme la maire de la ville monde joue aussi avec sa réélection, quitte à jouer avec les chiffres.
Le budget officiel, c’est 6,6 milliards d’euros. Par comparaison, le budget annuel de la justice, c’est 6,7 milliards, donc ça fait cher les Jeux.
Le comité d’organisation promet de tenir ces chiffres, à ceci près qu’Anne Hidalgo, en visite à Tokyo avait vanté comme un exemple à suivre l’organisation des JO de 2020. La facture initiale des JO de Tokyo, c’était près de 6,4 milliards, la facture finale, c’est près de 30 milliards. Donc on est très inquiet.
Il faut quand même le dire, les collectivités territoriales ne paient qu’une partie de cet argent et Paris ne versera que 150 millions. En fait, c’est la prodigalité avec l’argent des autres. D’autant que le budget initial avait oublié la sécurité. Évidemment, d’ici là, le terrorisme aura disparu, tout ira mieux.
On se souvient tous de l’effet assez plombant sur l’Euro 2016. Franchement, vous connaissez quelque chose de plus déprimant qu’une fan zone ?
L’argument, repris à toutes les sauces, du bénéfice de l’image pour la France, relève d’une conception monstrueusement ringarde de ce qu’est l’image des pays. Les grandes fêtes post-modernes, ça ne marche plus, les citoyens en ont ras-le-bol. Pour les JO d’hiver en Corée du Sud, c’est dans moins de 5 mois, moins de 30 % des billets ont trouvé preneur.
Ça s’appelle la déambulation au milieu des bannières publicitaires et ça a lassé. Il y aura l’omniprésence d’une célèbre boisson américaine, le rachat des droits TV à des prix exorbitants. Tout ça n’aura plus le moindre rapport avec l’idéal de dépassement de soi et de dialogue entre les peuples voulu par Pierre de Coubertin.
On ne va pas gâcher le rêve des sportifs, ils y croient et ce qu’ils font est magnifique. On va payer de bon cœur pour permettre à Emmanuel Macron et Anne Hidalgo de nous distraire des lois sociales, du démantèlement de la démocratie. Dans la série ‘Des pains et des jeux’, on n’a plus tout à fait de pain, mais il faut se réjouir d’avoir les Jeux.
Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard