"Avoir une expérimentation ici en Bretagne"
Mercredi 21 avril est parue une tribune dans le quotidien Ouest-France appelant à une gestion régionalisée de la politique sanitaire. Que faut-il entendre par là ? "Je crois que nous avons besoin de deux choses : d’abord anticiper, ensuite territorialiser, estime Stéphane Roudaut, maire de Gouesnou, dans le Finistère, et premier vice-président de Brest métropole. La réponse à la crise est à préparer et nous avons besoin de prendre des mesures d’anticipation pour rouvrir un certain nombre de lieux."
"Je pense notamment aux lieux de culture, souligne le conseiller régional de Bretagne. Cela ne se décrète pas, cela se prépare. Avec cette tribune, nous demandons à ce que nous puissions territorialiser et avoir une expérimentation ici en Bretagne." Le but est-il de rouvrir au plus vite terrasses, commerces et lieux culturels ? "Oui, il faut nous baser sur la situation sanitaire réelle des territoires pour rouvrir, expérimenter là où il y a des taux d’incidence moins importants, et extrapoler, élargir les dispositifs testés ici au reste du territoire."
"Une grande improvisation"
Les Bretons sont-ils prêts à rouvrir dans les jours et semaines à venir ? "La situation sanitaire, ce sont les taux d’incidence qui en décident. En fonction de seuils décrétés par l’État, on pourrait territorialiser, expérimenter. Je prends un exemple concret : Océanopolis, un centre scientifique, un grand aquarium, à Brest. Il nous faut quinze jours pour nous préparer à la réouverture. Si nous attendons trop tard pour donner les protocoles sanitaires pour de tels équipements, on prend encore plusieurs semaines dans la vue." N’y a-t-il pas assez d’anticipation ni de consultation ? "C’est un peu l’idée, il n’y a pas suffisamment de dialogue, et une grande improvisation sur les critères à mettre sur la table. Depuis un certain nombre de semaines, on nous parle d’un retour à la vie normale, mais comment ?" Sent-il un sentiment d’injustice chez les Bretons ? "Tous les jours, on l’entend. Je suis maire de ma commune de 6000 habitants, il y a une très grande lassitude, une incompréhension. En fait, il n’y a plus d’adhésion à ces mesures."
Olivier Véran a ouvert la porte à un déconfinement territoire par territoire. Pense-t-il qu’il ira jusqu’au bout de cette démarche ? "Le problème est comment s'y fier ?", s’interroge Stéphane Roudaut. Il y a eu énormément d’annonces faites qui ne sont pas suivies d’effet. Il nous manque le protocole, l’armature forte de ce que nos devons mettre en place sur les territoires. On ne peut pas mettre un pays sous chape de plomb alors que, dans certains territoires les taux d’incidence ne sont pas très élevés. Pourquoi les empêcher d’un retour à une vie plus normale ?" N’y a-t-il pas de crainte d’appel d’air ? "On peut limiter les déplacements inter régions. Certains essaient de frauder. Doit-on pénaliser un territoire sur ce seul critère ?"
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