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Industrie, distribution: syndicats et patronat s'inquiètent d'une accélération des plans sociaux

"Un raz-de-marée": syndicats et patronat craignent une accélération des plans sociaux dans l'industrie et au-delà, compte tenu des dernières annonces de suppressions de postes dans l'automobile et la sidérurgie, mais aussi de l'incertitude politique autour du gouvernement de Michel Barnier.

JEFF PACHOUD - AFP

"Un raz-de-marée": syndicats et patronat craignent une accélération des plans sociaux dans l'industrie et au-delà, compte tenu des dernières annonces de suppressions de postes dans l'automobile et la sidérurgie, mais aussi de l'incertitude politique autour du gouvernement de Michel Barnier.

La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a appelé mercredi "les salariés à l'action pour défendre l'emploi et l'industrie", estimant que "près de 250 plans de licenciements en préparation, concernant entre 170.000 et 200.000 emplois" sont en cours, un chiffre qui s'élève même à 270.000 emplois directs et indirects, selon Sébastien Menesplier, secrétaire confédéral de la CGT.

Industries, automobile, sidérurgie, caoutchouc, papier, chimie, cimenterie, mais aussi grande distribution ou aérospatial... les plans de licenciement se multiplient dans différents secteurs depuis quelque mois.

Sophie Binet a appelé en conséquence "les salariés à se mettre en grève et occuper leurs usines pour empêcher les licenciements", ainsi qu'à une journée de mobilisations devant usines et préfectures le 12 décembre, lors d'une conférence de presse au siège de son organisation.

"Le mois de décembre s'annonce rouge, et ce n'est pas le rouge du Père Noël", a-t-elle prévenu.

Dans la foulée de cette conférence de presse, l'équipementier automobile Valeo a annoncé 868 suppressions de postes, donnant un peu plus de corps aux propos de la CGT.

Le décompte du syndicat, réalisé à partir des remontées des militants, augure pour Mme Binet un "un raz-de-marée" dans les mois à venir: "ces plans ont lieu surtout dans les grandes entreprises, les restructurations risquent d'avoir des conséquences sur les petits sous-traitants, beaucoup plus nombreux", a-t-elle averti.

La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, à sa sortie d'une réunion avec le Premier ministre à l'hôtel Matignon, à Paris, le 24 septembre 2024

La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, à sa sortie d'une réunion avec le Premier ministre à l'hôtel Matignon, à Paris, le 24 septembre 2024

Thomas SAMSON - AFP/Archives

Son homologue de la CFDT Marylise Léon a, elle, évoqué mardi "une vague de destructions d'emplois", estimant à "au moins 23.000", le nombre d'emplois concernés pour le seul mois de novembre, sur RTL.

"L'environnement est certes plus exigeant et plus difficile qu'il y a un an, c'est clair", concède Alexandre Saubot, président de France Industrie, qui représente les entreprises et les organisations professionnelles du secteur industriel, à l'AFP. Mais il estime que Sophie Binet force un peu le trait: "si on veut avoir une appréciation globale sur l'industrie, il faut aussi parler des choses positives, il y a encore des projets qui continuent", a-t-il assuré.

Pour la ministre du Travail Agnès Panosyan-Bouvet certaines mutations économiques profondes "s'accélèrent à la faveur de réglementations européennes ou du contexte géopolitique". "Les impacts sont considérables. Nous devons accompagner nos entreprises et les travailleurs dans ces mutations", a-t-elle déclaré mercredi à l'AFP.

"Il y a les grosses entreprises dont les restructurations font la une des journaux mais il y a aussi tous leurs sous-traitants, leurs fournisseurs", a-t-elle relevé.

- La demande d'un "plan d'urgence" -

Le ministre de l'Industrie Marc Ferracci à l'Assemblée nationale, le 23 octobre 2024

Le ministre de l'Industrie Marc Ferracci à l'Assemblée nationale, le 23 octobre 2024

Bertrand GUAY - AFP/Archives

Pour la sidérurgie, son collègue de l'Industrie, Marc Ferracci, préconise une réponse européenne d'urgence et présentera jeudi à Bruxelles les propositions de la France pour protéger le marché européen et soutenir la décarbonation.

Mais, a prévenu le président de la CPME François Asselin, la chute du gouvernement de Michel Barnier, menacé de censure, provoquerait un nouveau choc de nature à mettre en péril les entreprises et l'emploi.

"Si jamais le gouvernement saute (...) on va se retrouver dans la même situation qu'après la dissolution", a déclaré M. Asselin sur RMC, avec des "semaines et des semaines encore" avant qu'un nouveau gouvernement "reprenne le budget en main", une situation "absolument pas souhaitable pour les entreprises" qui ont besoin de "visibilité", selon lui.

Alexandre Saubot, lui, met en garde contre une réduction des allègements de charges telle qu'envisagée par le Premier ministre Michel Barnier, qui "se traduira par une augmentation du coût du travail en 2025".

La CGT propose un "plan d'urgence" au gouvernement, qui prévoit notamment "un moratoire sur les licenciements" (avec la conditionnalité des aides et "renforcer la loi Florange", entre autres) et des "dispositifs qui garantissent la recherche effective d'un repreneur", "un plan national" pour le maintien de l'industrie et "un retour aux tarifs réglementés de l'électricité et du gaz".

"C'est tout le programme industriel et économique qu'il faut revoir", pour Cyril Chabanier, président de la CFTC, demandant notamment "un moratoire sur les aides qui sont distribuées, le remboursement d'aides sur les entreprises qui ferment et qui ont été biberonnées aux aides publiques".

Par Nicolas GUBERT et Ambre TOSUNOGLU / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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