Le procès d'un grand-père jugé à Bourg-en-Bresse pour viol et aggressions sexuelles, notamment sur sa petite-fille, qui avait dénoncé les faits grâce à une boîte aux lettres "Papillons" dans son école, s'est ouvert vendredi à huis clos.
Les avocates des parties civiles ont pourtant plaidé que les débats restent publics, un "besoin" pour les jeunes filles, selon Me Séverine Debourg, avocate de la famille de deux cousines de la victime, elles aussi victimes dans ce dossier.
Mais la défense de l'accusé, Me Marie Audineau, s'est inquiétée devant la cour criminelle de l'Ain du récent emballement médiatique et du risque d'une "deuxième audience en dehors de cette salle".
Au regard de la médiatisation, la cour a estimé "nécessaire d'assurer la protection de ces mineures, y compris contre elles-mêmes", a indiqué son président Antoine Molinar-Min.
A la suite de cette annonce, la jeune fille, désormais âgée de 13 ans, qui avait dénoncé son grand-père, s'est effondrée dans les bras de sa famille. "Tu dois montrer que tu es plus forte que lui", lui a alors glissé sa mère.
"Je ne comprends pas", a déclaré à l'AFP hors audience son beau-père, se disant "déçu" du huis clos qui signifie selon lui une "première victoire pour l'accusé".
"Ça fait deux ans qu'on se bat pour que tout soit dit et que rien ne soit caché aux gens", a-t-il regretté.
En juin 2022, la victime, alors âgé de 10 ans, avait dénoncé ce que son grand-père lui faisait subir depuis deux ans, en glissant un petit mot dans une boîte aux lettres de l'association Papillons, visant à libérer la parole des enfants victimes de violences, tout juste installée dans son école primaire à Vonnas (Ain).
"C'était trop lourd à porter, elle souffrait beaucoup", avait expliqué à l'AFP l'avocate de sa famille, Me Stéphanie Garcia.
L'enquête a révélé que les faits se produisaient au domicile des grands-parents de l'enfant lorsque ceux-ci la gardaient et que la grand-mère était absente.
En garde à vue, le grand-père, aujourd'hui 73 ans, a reconnu les attouchements sur sa petite-fille mais nié l'avoir violée. Il encourt jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.
Ce procès est une grande victoire pour l'association Les Papillons, qui recense aujourd'hui 350 boîtes aux lettres en France dans des établissements allant du primaire au lycée. Une "preuve que les enfants attendent qu'on leur tende la main", a argumenté son président Laurent Boyet auprès de l'AFP.
Le procès doit durer jusqu'à lundi.
AFP / Bourg-en-Bresse (AFP) / © 2024 AFP