L'idée pourrait faire rêver. Pourquoi ne pas constituer des micros nations au moyen d'îles flottantes au large des côtes ? On échappe aux règles étatiques pour vivre dans des paysages féeriques aux eaux turquoise. Évidemment, l'idée séduit beaucoup les entrepreneurs de la Silicon Valley, ce qui a causé la création de la Seasteading Institute, une ONG fondée en 2008 par le fondateur de PayPal, Peter Thiel, aidé par beaucoup de gens blindés de millions de dollars.
De fait, ces plates-formes flottantes seront dotées d'une technologie dernier cri. On y trouverait des résidences, des centres commerciaux, des activités aquatique, des instituts de recherche, etc. Tout serait prévu sur place pour fabriquer de l'énergie et traiter les déchets. Donc, d'un point de vue technique, c'est assez intéressant. D'un point de vue politique, ces îles seraient indépendantes, chacune ayant sa propre organisation politique et économique, et surtout, les citoyens seraient complètement libres de changer d'île à leur guise. Pas de droits de douane, pas de charges, aucune obligation morale ou légale, le but étant de ne rien devoir à personne.
Pour la Polynésie Française, cela serait une solution face à la montée des eaux. D'ici la fin du siècle, la montée du niveau des océans pourrait être beaucoup plus rapide que prévu, l'agence atmosphérique américaine le maintient. La Polynésie est un environnement extrêmement stable avec des lagons abrités et une activité cyclonique beaucoup moins importante qu'ailleurs. C'est un endroit très intéressant, mais cette utopie de milliardaires pose des questions éthiques. Sous prétexte de survie de l'espèce humaine n'est-on pas en train de créer un refuge pour les riches, qui laisseront les populations se débrouiller avec les soucis écologiques de la planète ? Et comme le dénonce Alexandre Le Quéré de Polynésie Première dans Géo : « N'est-ce pas une arche de Noé à la sauce Wall Street ? »