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Grève de la fonction publique et des cheminots : les temps ont changé depuis 1995

Journée noire pour les usagers de la SNCF, mais aussi pour certains parents, puisque des écoles et des crèches participent au mouvement. Corporations hétéroclites ou mouvement de défense des services publics ?

Les syndicats battront le pavé ce jeudi 22 mars

On voit bien que les adversaires politiques du gouvernement d’un côté, les syndicats de l’autre, aimeraient bien que tous les mécontents se coalisent. Ça donne d’ailleurs, à droite, des positions assez acrobatiques. Quand on entend Les Républicains se contorsionner pour attaquer Emmanuel Macron sans avoir l’air de condamner une réforme qu’ils auraient rêvé de faire, c’est assez plaisant. Mais cette coalition ne se fera pas. Parce que les cas des uns et des autres sont trop divers, et que le temps est fini où l’on pouvait considérer que ceux qui ne pouvaient pas faire grève la faisaient par procuration grâce à leurs camarades du secteur public.

C’est ce qui s’est passé en 1995 et ce que veulent reproduire les syndicats, à ceci près que 1995 marque la fin d’un monde même si, à l’époque, le mouvement a fait reculer le gouvernement d’Alain Juppé. En 1995, on pouvait encore estimer que les cheminots qui défendaient leurs régimes spéciaux défendaient par là même les services publics. Tout simplement parce que les Français n’avaient pas encore intégré que la dérégulation qui commençait déjà à toucher le marché du travail était le corollaire obligatoire de l’adhésion à l’Union européenne et de l’acceptation du libre-échange et du capitalisme financier. Ils croyaient encore que le modèle politique et social français, fait de services publics couvrant l’ensemble du territoire et d’un droit du travail protecteur, pouvait être maintenu malgré l’ouverture des frontières et la libre circulation des hommes et des capitaux. Aujourd’hui, ils ont intégré que les pans de la protection sociale tombent les uns après les autres au nom de la compétitivité. Et ils ne voient pas pourquoi ceux qui ont les moyens de faire pression sur le pouvoir seraient les seuls épargnés.

Pourtant, les Français restent très attachés à leurs services publics, et heureusement ! Mais c’est l’erreur des syndicats de croire que la défense du statut des cheminots pourrait encore apparaître comme une défense du service public. Ils feraient mieux de centrer le message sur les fermetures de petites lignes, sur l’égalité entre les territoires et les citoyens, sur le maintien des trains, des hôpitaux, des bureaux de poste pour éviter la paupérisation progressive de la France. Les Français n’ont pas choisi la privatisation des services publics sous la férule de l’UE, ils ont même voté contre en 2005. Mais ils veulent que tout le monde soit dans le même bain.

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