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Fraude aux prestations sociales : "on paie des retraites à 6,1 millions de fantômes à l’étranger"

Charles Prats, magistrat, auteur du livre « Cartel des fraudes » (parution le 17 septembre) aux éditions Ring, était l’invité de Patrick Roger le 10 septembre dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.

Un rapport de la Cour des Comptes signale des fraudes massives. Charles Prats connaît bien le sujet, lui qui a été magistrat de la Délégation nationale à la lutte contre la fraude (DNLF) au ministère du Budget de 2008 à 2012.

 

80% des personnes nées à l’étranger seraient retraités

On parle d’un coût de 1 milliard minimum, 14 voire 30 milliards pour ces fraudes. Pourquoi ces fraudes perdurent-elles ? "Sur le chiffre d'un milliard donné par la Cour des comptes, c ‘est la fraude réellement détectée, les résultats. Ils ont réussi à identifier un milliard de fraudeurs, mais ce n’est pas la fraude estimée. Elle est bien supérieure. Avec les résultats de la commission d’enquête publiés mardi prochain, je suis maintenant plutôt sur 50 milliards d’euros."

"En fait, la Cour des comptes n’a pas trop mis l’accent dessus, car cela aurait fait exploser une bombe thermonucléaire, souligne Charles Prats. Cela va plus loin que les informations que j’avais eues via la commission d’enquête parlementaire. L’information principale de mon livre était que nous avons 5 millions de fantômes qui perçoivent des prestations sociales, en plus de celles censées en avoir en France." S’agit-il des personnes rentrées dans leur pays d’origine ? "Il y en a 1,6 million dans des pays étrangers. La Cour des comptes, hier, a donné un chiffre : on paierait des retraites à 7,7 millions de personnes à l’étranger. Soit 6,1 millions de personnes en trop, alors qu’il y a 8,4 millions de personnes nées à l’étranger sur le territoire. On aurait 80% des personnes nées à l’étranger qui seraient retraités, c’est n’importe quoi ! On voit bien que c’est aberrant."

 

Une déflagration politique

Comment est-ce possible ? "Des gens créent de fausses identités, sont à l’étranger et font croire qu’ils sont en France pour bénéficier des prestations. Cela n’est pas vraiment géré. On le découvre. J’en ai souvent parlé sur l’antenne de Sud Radio, on nous disait « fake news ». Maintenant que la Cour des Comptes et une commission parlementaire mettent cela en lumière, cela change. La Cour des Comptes dit qu’il y a des millions de gens en trop, mais n’ose pas mettre des milliards en face. Si elle dit qu’il y a 30 à 50 milliards fraudés par 5 à 8 millions de personnes, vous imaginez la déflagration politique."

Aujourd’hui, avec une informatique plus performante, il n’existe pas de croisement de fichiers pour être plus efficace ? "Les croisements se font, mais c’est une question de validité d’identité. Existent-elles ou pas ? Ces gens sont-ils sur le territoire national et doivent-ils avoir des droits ouverts ou pas ? On doit avoir des éléments biométriques pour contrôler les identités, et contrôler en face à face l’existence réelle des personnes. Cela demande un peu de travail, ne coûte pas très cher, mais touche à certains intérêts. Hier, j’ai été menacé de mort sur Twitter, ainsi que des parlementaires UDI. Des personnes ne supportent pas que l’on remette en cause la fraude aux prestations sociales. On en est là."

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