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François Hartog : "Les épidémiologistes ont réinstauré des attitudes qui étaient très anciennes"

Par La Rédaction

François Hartog, historien et directeur d'études à l'EHESS, a préfacé le livre de Georges Duby “An 1000, an 2000, sur les traces de nos peurs” (éditions Textuel). Il était l’invité d’André Bercoff mercredi 17 juin sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

François Hartog invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio. (Photo by PIERRE VERDY / AFP)

L'historien relève un certain retour en arrière des comportements liés à l'épidémie de Covid-19. S'appuyant sur l'entretien de Georges Duby avec deux journalistes à l'aube de l'an 2000, François Hartog compare nos réactions à celles des grandes épidémies de l'Histoire.

 

Des comportements archaïques

Même si le risque d'une épidémie à grande échelle était connue de tous, "nous avons été complètement surpris par cette pandémie qui nous a lancé sans voix", estime l'historien. Très rapidement alors, "sont réapparus des comportements, des manières de faire qui renvoient à des choses très lointaines, par exemple le confinement", souligne-t-il. Le grand historien Georges Duby en parle dans son chapitre sur les épidémies. "Durant les années de peste, on fermait tout, les villes se barricadaient en attendant que la peste soit passée", relève-t-il. "Les épidémiologistes ont réinstauré des attitudes qui étaient très anciennes face aux épidémies", note François Hartog.

Lorsque l'Europe vivait dans un monde chrétien, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, "tout ce qui sortait de l'ordinaire, que ce soit un phénomène astronomique, climatique ou une épidémie, était interprété comme un signe de Dieu, manifestant sa colère", rapporte l'historien. Alors les populations "essayaient de faire pénitence, de retrouver la voie, le bon chemin pour rentrer dans les bonnes grâces de la divinité", souligne François Hartog.

Une manifestation divine

En 1995, Georges Duby confronte les peurs de l'an 1000 et l'an 2000. "Il consacre une part importante sur les épidémies", raconte François Hartog. "L'épidémie est rapportée à une manifestation divine dans le monde chrétien ou antique". En Europe, la plus grande des épidémies, la grande peste du XIVe siècle, a tué des millions de personnes, décimant en trois mois, le tiers de la population européenne. "Ça a changé du tout au tout et ça s'est traduit par une augmentation du niveau de vie", relève-t-il.

Durant ces périodes de crise, "on a cherché des coupables, on est tombé sur les juifs, puis sur les lépreux", rapporte l'historien qui se souvient de plusieurs "massacres importants". "On a une attitude à la fois de culpabilité et en même temps, on cherche des victimes expiatoires", souligne François Hartog. "On a presque retrouvé ça avec le Covid : l'impossibilité des rites funéraires", estime-t-il. "Dans le cadre de la peste, même à Athènes, l'épidémie faisait disparaître le rite funéraire, on n'arrivait plus à s'occuper des cadavres. On a presque vécu ça", rapporte l'historien.

 

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