single.php

Évacuation du parc Éole à Paris : "on nous promet la lune, et puis, finalement, il n’y a rien"

Le parc d'Éole, dans le 19e arrondissement de Paris, a été évacué ce mercredi. Reportage sur place juste avant l'évacuation, puis éclairage d'un addictologue sur la politique de soins en matière de traitement des addictions.

(GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

L’évacuation du parc d’Éole, où étaient regroupés les consommateurs de crack du nord-est de Paris depuis la mi-mai 2021, a eu lieu 30 juin 2021. Les riverains se montraient de plus en plus exaspérés.

 

Reportage de Clément Bargain.

 

"Ils vont être virés. Mais pour être où ?"

L’évacuation du parc devenait une nécessité sur fond de tensions entre les toxicomanes et les riverains, exaspérés. Pourtant, Pascal, habitant du quartier de Stalingrad dans le 19e arrondissement de Paris, ne se fait pas d’illusions : "soi-disant, ils vont être virés. Mais pour être où ? Pour être dans la rue encore une fois ?"
"On nous promet la lune, et puis, finalement, il n’y a rien", regrette-t-il. "Pendant les élections, on les voit tous débarquer ; et puis, après, il n’y a plus personne."

 

"On a une invasion de rats depuis qu’ils sont dans le parc"

Entre 3 et 400 consommateurs de crack sont rassemblés dans le parc depuis le 17 mai 2021. Une situation intenable pour Amira, qui habite juste en face et qui raconte : "on retrouve plein de seringues dans le parc, vous avez des scènes d’exhibition, on a une invasion de rats depuis qu’ils sont dans le parc parce qu’il y a des détritus par terre, il y a des excréments par terre, on voit des scènes de prostitution..."

 

"Il faut les mettre dans un centre, qu’ils soient vraiment pris en charge"

Tout cela, sans compter les agressions qui se sont multipliées ces derniers mois, comme le souligne Zara, installée en terrasse juste en face du Parc Éole : "c’est des agressions quotidiennes. Des femmes, des hommes… tout le monde."

"Il y en a qui se font arracher leur sac, moi, on m’a volé mon téléphone portable au mois de mai !"
Le gérant du bar espère des mesures concrètes, et notamment une réelle prise en charge des toxicomanes : "donner de la nourriture, des vêtements, quoi que ce soit… ça ne sert à rien !"
"Vraiment, il faut les mettre dans un centre, qu’ils soient vraiment pris en charge de la part de médecins, tout ça..."

 

 

Les riverains, de leur côté, ne pouvaient plus attendre. Le week-end du 25 juin 2021, une rixe a encore éclaté entre les toxicomanes et des jeunes.

 

Toxicomanes du jardin d'Éole à Paris : "cela fait déjà plus de dix ans que c’est urgent"

Peut-on obliger les consommateurs de crack à se soigner ? Le docteur William Lowenstein, interniste et addictologue, président de SOS Addictions, était l’invité de Patrick Roger le 30 juin dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10. 

 

"Il faut que les personnes aient envie de se soigner"

Peut-on résoudre la cohabitation intenable entre les toxicomanes et les riverains du quartier Stalingrad, à Paris ? Ces toxicomanes du jardin d’Éole doivent être évacués. État et municipalité se renvoient la balle, mais une question demeure : est-il possible de soigner et guérir ces consommateurs de crack ? "Oui, tout en précisant que c’est une addiction sévère, précise le docteur William Lowenstein, interniste et addictologue, président de SOS Addictions. Le soin est la réponse, mais c’est un peu comme l’addiction à l’alcool pour des personnes sans domicile fixe. Hélas, cela fait déjà plus de dix ans que c’est urgent."

"Il faut que les personnes aient envie de se soigner, rappelle-t-il. D’où la question de l’obligation de soin s’il y a des troubles sur la voie publique. Surtout, y a-t-il des structures pour les accueillir, notamment en urgence ? Des structures capables de prendre en charge cette addiction sévère, mais également les problèmes psychiatriques et sociaux qui s’y associent."

"Le crack, c’est de la cocaïne fumée"

"L’une des solutions serait de développer des structures de soins. Il y a pour toute la France, à Paris et à Strasbourg, deux structures de consommation à moindre risque, explique le Dr Lowenstein. Cela devrait être des portes d’entrées vers le soin, avec une protection policière autour pour ne pas favoriser les nuisances, notamment pour les résidents. Il en faudrait beaucoup plus, et il faudrait surtout des passerelles vers des services d’hébergement médicaux, sociaux. Il faut s’occuper à la fois de l’addiction et des autres problèmes."

"Imaginons la difficulté que l’on pourrait avoir avec 200 ou 300 SDF très alcoolisés ne voulant pas se faire soigner. Le crack, c’est de la cocaïne fumée, c’est quelque chose qui entraîne des excitations, des obsessions, des désinhibitions. C’est vraiment l’occasion de souligner qu’il ne suffit pas de faire des déclarations déterminées quand on voit la difficulté de gérer 300 personnes sur la colline du crack hier et le jardin d’Éole aujourd’hui. Se pose aussi la question du trafic."

Cliquez ici pour écouter "C'est à la une" avec Patrick Roger

L'info en continu
14H
13H
12H
11H
10H
09H
Revenir
au direct

À Suivre
/