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Élisabeth Lévy - "Plutôt que de restaurer la puissance publique, Macron liquide les préfets"

Jean Castex a annoncé le 7 mai, la dissolution du corps préfectoral. Pas des préfets mais de ce qui les rendait quelque peu indépendants. Une manière d'asseoir un peu plus l'influence de l'État sur les préfets et son omniprésence, au-delà du fait que cela renie l'héritage napoléonien.

S'ils sont par définition le bras armé de l'Etat, les préfets gardaient une once d'indépendance avec leur corps. L'annonce de sa dissolution a été faite par Jean Castex, le 7 mai. (Photo de Franck Fife / AFP)

Jean Castex a annoncé le 6 mai la disparition du corps préfectoral

Après les discours devant le cercueil de l’Empereur, encore un clou est planté dans le cercueil de l’État gaullo-napoléonien. Il est de bon ton de préciser que le poste de préfet a été créé par la loi du 28 pluviôse an VIII du 17 février 1800. Le préfet n’est pas seulement le bras de l’État, il en est aussi la bouche, les yeux et les oreilles dans les territoires. Bref, le seul haut-fonctionnaire tout-terrain. 

Dans la nouvelle réforme macronienne, la fonction demeure, mais le corps préfectoral est supprimé. C’est-à-dire l’appartenance à une communauté recrutée par concours où on fait carrière en apprenant de poste en poste tous les aspects du service de l’État. Il joue aussi le rôle d’un syndicat, protecteur pour ses membres dans le rapport de forces avec leur patron, le ministre de l’Intérieur.

Désormais, il n’y aura plus qu’un seul corps : celui d’administrateur. Le préfet sera un employé du gouvernement plus qu’un représentant de l’État. Certes, vous me direz qu’aujourd’hui déjà, le préfet est nommé ou révoqué à sa guise par le président de la République. Bernadette Maligorn disait elle-même que son mandat était renouvelé tous les 7 jours. Mais son statut lui confère une autorité propre et le risque, c’est d’accroître la dépendance au pouvoir et d’encore politiser la fonction. 

Oui, j’ai pesté contre l’administration pendant des mois mais c’est un tout autre sujet

Certes, ils cumulent omniprésence et inefficience. Les préfets ont globalement été à la pointe de l’extension du domaine de l’interdit avec pas mal de lubies rafraîchissantes du genre à interdire l’alcool dans le département le plus consommateur de France. Cependant, ils ne sont pas les plus grands responsables de l’Absurdistan. 

Puis le préfet n’est pas seulement le responsable de l’ordre public - ce qui n’est pas rien par les temps qui courent -, il est le garant d’une unité administrative forgée au cours des siècles pour compenser notre diversité ethnique religieuse et idéologique. 

Qu’il faille réformer l’administration, nul n’en disconvient. Mais là où il faudrait une restauration de la puissance publique, Macron lance une liquidation, ni plus ni moins que le remplacement de notre vieil État par l’entreprise France. Sauf que les Français et tous les peuples ne veulent pas seulement de l’autorité, ils réclament le droit à la continuité historique.

Le plus curieux, c’est qu’un homme aussi avisé soit aussi aveugle aux aspirations de ses concitoyens. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde : MLP a immédiatement écrit aux préfets pour leur dire toute son admiration.

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