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Éducation - 6000 contractuels appelés en renfort : "75 % d'entre eux n'ont jamais enseigné"

Par Augustin Moriaux

Pour remplacer les professeurs malades, cas contacts ou encore isolés car à risque, le ministère de la rue de Grenelle fait appel à des contractuels, qui sont parfois des étudiants en sortie de licence, pour enseigner au primaire. Seulement, le manque d'expérience se fait sentir.

Blanquer
Jean-Michel Blanquer est une nouvelle fois critiqué, certains lui reprochant de ne pas avoir procédé à plus de recrutements d'enseignants au mois de juin. (Photo de Christophe Archambault / AFP)

Un reportage de Lionel Maillet pour Sud Radio.

 

Pour faire face à la crise sanitaire et aux besoins en effectif, l'Éducation nationale est empêtrée dans un casse-tête. Comment remplacer tous les enseignants malades, cas contacts ou tout simplement vulnérables au virus ? Faute d’avoir suffisamment de remplaçants, les rectorats sont obligés de faire appel à des contractuels. Ils seront donc 6000 non-titulaires, recrutés dans le premier degré, à n'avoir jamais enseigné. Les syndicats dénoncent une éducation au rabais.

 

Une contractuelle reconnaît avoir eu des difficultés à s'adapter, une syndicaliste regrette "le manque d'expérience"

C'est la boule au ventre que Célia a fait sa toute première rentrée, il y a quelques jours. Elle qui ne s’était jamais retrouvée face à des élèves doit maintenant gérer deux classes (des CP et CE1). Quand on n’a pas la formation nécessaire, remplacer une maîtresse ne s’improvise pas.

"Toute seule, si je n'avais pas eu l'équipe autour de moi, ça n'aurait pas pu fonctionner. Moi, j'ai une licence de maths et toutes les maîtresses autour de moi ont fait les études adéquates. On va se dire les choses franchement : sans elles, je n'y arriverai pas", témoigne cette contractuelle.

Dans les Bouches-du-Rhône, c’est un record : il n’y a jamais eu autant de contractuels. 107 sont en poste en ce moment. Faute de titulaires, ils sont nécessaires pour remplacer les malades du Covid et les enseignants vulnérables. Virginie Akliouat, secrétaire départementale du Snuipp-FSU, est bien consciente des difficultés que ces contractuels peuvent rencontrer sur le terrain.

"Le niveau de recrutement exigé sur l'annonce est une licence. Donc beaucoup de jeunes diplômés d'universités ont postulé car la crise étant là, ils ont besoin de ce type d'emploi, particulièrement tous ceux qui n'ont pas pu avoir d'emploi saisonnier cet été. 75 % d'entre eux n'ont jamais enseigné, la qualité de l'enseignement peut en pâtir. On a tous des gestes professionnels qu'on développe avec l'expérience. Il y a des choses qui ne s'improvisent pas."

Quelles autres solutions s'offraient à l'Éducation nationale ?

Pour éviter tout ca, il fallait anticiper et prendre d’autres décisions. Ce qui n’a pas été fait, regrette Christophe Doré, directeur d’une école à Vitrolles.

"On a alerté syndicalement le ministre depuis le mois de juin en lui demandant de procéder absolument à des recrutements. Nous n'aurions pas eu à faire face à cette situation."

Jusqu’aux vacances de février, l’Éducation nationale va devoir compter sur 6000 contractuels.

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