Disparue il y a près d'un an dans le Bas-Rhin, Lina, 15 ans, a vraisemblablement été "ligotée" et tout tend "à démontrer l'implication de Samuel Gonin", qui semble avoir agi seul, selon l'enquête de longue haleine qui se poursuit pour la retrouver.
Le 26 juillet, le parquet de Strasbourg avait annoncé que l'ADN de Lina avait été retrouvé dans une voiture volée.
Un homme, Samuel Gonin, qui s'est suicidé à Besançon le 10 juillet, a été identifié comme le conducteur de ce véhicule, et tout tend à "démontrer (son) implication" dans cette affaire, a expliqué lors d'une conférence de presse le procureur de la République par intérim de Strasbourg, Alexandre Chevrier.
L'enquête a montré que le véhicule, une Ford Puma, "se trouvait précisément sur le lieu de la disparition de Lina et qu'il se trouvait dans la période de temps où elle a disparu".
"Les investigations ont permis d'établir que Samuel Gonin était le conducteur de la Ford Puma le jour des faits, soit le 23 septembre 2023". "Il n'existe absolument aucun élément en faveur de l'intervention de tierces personnes", a souligné M. Chevrier.
L'ADN de ce suspect et celui de l'adolescente ont été retrouvés sur des cordes dans le coffre cette voiture "ce qui tend à démontrer qu'à un moment ou à un autre, Lina a été ligotée". En revanche "aucune trace de sang" n'a été détectée.
- Sac à main -
L'ADN de Lina a été retrouvé en différents endroits du véhicule: sur les sièges arrière et au niveau des ceintures de sécurité, selon M. Chevrier. Le sac à main de l'adolescente se trouvait en outre dans la boîte à gants, "contenant diverses affaires, un miroir, des faux-cils, de la colle à faux-cils, la coque de son téléphone portable et ses écouteurs".
Lina a disparu le 23 septembre 2023 en fin de matinée. Elle avait quitté son domicile de Plaine, au pied du massif des Vosges, pour se rendre à la gare de Saint-Blaise-la-Roche, à environ trois kilomètres. Elle devait prendre le train pour retrouver son petit ami à Strasbourg.
Le portable de la jeune fille avait cessé de borner très exactement à 11H22.
Or, "on a deux points de géolocalisation" du véhicule du suspect, "respectivement, à 11H20 et 11H26, donc à proximité immédiate du lieu de disparition de Lina", a déclaré M. Chevrier.
La Ford Puma qu'il conduisait avait aussi été "filmée par une caméra à hauteur de la rue des Princes à Plaine, à 11H13 précisément", a-t-il souligné.
Le jour-même, Samuel Gonin avait volé de l'essence à 09H23 précisément dans une station service près de Fribourg, en Allemagne. "Il est seul à bord à ce moment précis", a indiqué le procureur.
"Quelle est la raison de la présence de Samuel Gonin à Plaine ce 23 septembre 2023 ? Qu'est-ce qu'il est venu faire dans cet endroit ? (...) En l'état des investigations, cette question demeure sans réponse", a reconnu le magistrat.
- "Se rendre indétectable" -
Il a souligné qu'il n'y a "aucune trace d'un quelconque lien" entre Samuel Gonin et Lina, ni avec l'entourage de la jeune fille ou avec des habitants du secteur. En outre il n'y a "aucune trace d'un précédent passage de Samuel Gonin dans le secteur".
L'enquête a montré que "Samuel Gonin se déplaçait beaucoup et parfois avec une certaine incohérence au moins apparente". Les enquêteurs cherchent désormais à savoir "s'il a pu commettre d'autres faits délictuels ou criminels" lors de cette errance.
Le suspect "a tout fait pour se rendre indétectable", a noté M. Chevrier, soulignant qu'il n'utilisait pas de téléphone portable et avait pris soin de désactiver le GPS du véhicule.
Cependant, les enquêteurs ont pu extraire des données de géolocalisation du système multimédia de la voiture, et sur cette base, des recherches ont été conduites dans les Vosges, en Haute-Saône et dans le Morvan, où Samuel Gonin s'est rendu juste après la disparition de Lina. Mais la jeune fille n'a toujours pas été retrouvée.
Un "certain nombre de questions sont susceptibles de rester sans réponse du fait du décès de Samuel Gonin", qui s'est suicidé le 10 juillet, a déclaré M. Chevrier, mais "des moyens conséquents demeurent mobilisés" et de nouvelles recherches vont être menées prochainement.
"Il n'est pas question d'abandonner."
Par Pauline FROISSART, Patrick BAERT / Strasbourg (AFP) / © 2024 AFP