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Denis Tillinac : "La féminité peut sauver l'humanité à condition que la femme ne devienne pas un fac similé de l'homme"

Par La Rédaction

Denis Tillinac, journaliste et écrivain, auteur de "Elle, Éloge de l'Éternel féminin" (Albin Michel), était l’invité d’André Bercoff lundi 3 juin, sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

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"L'éternel féminin est un appel, un élan, l'invocation d'une transcendance"

Denis Tillinac, auteur de "Elle, Éloge de l'Éternel féminin" (Albin Michel), précise tout d'abord qu'il n'existe pas d'éternel masculin : "L'éternel féminin, c'est l'apanage des femmes". Mais alors qu'est-ce que l'éternel féminin ? "C'est un appel, un élan, l'invocation d'une transcendance, quelque chose qui suscite en nous un mystère, toutes sortes d'aspirations idéales. La formule se trouve dans un vers de Goethe, mais en définitive ça traverse toute l'histoire de la civilisation occidentale. Elle a idéalisé la femme, elle l'a également émancipée, il lui a fallu du temps, mais elle a fini par le faire. J'ai essayé de me demander comment et pourquoi l'homme occidental, tout en exerçant une suprématie concrète sur la femme, l'avait inscrite à l'horizon de son imaginaire". 

Il résume en citant Julia Kristeva : "Il s'agit d'une torsion d'idéal et de pulsion". Selon le vers de Goethe, la femme est celle qui attire vers le haut. André Bercoff demande alors à son invité quand Aragon dit que la femme est l'avenir de l'homme s'il ne s'agit pas de démagogie féministe. "Il n'était pas franchement féministe, les communistes l'étaient guère dans sa génération. D'une certaine façon ça ne veut rien dire : elle est le passé, le présent et l'avenir de l'homme. Il avait raison : la féminité peut sauver l'humanité à condition que la femme ne devienne pas un fac similé de l'homme, ce que tout dans la société de consommation et du spectacle tend à la faire devenir. C'est ça mon inquiétude, c'est un peu pour ça que j'ai écrit mon livre".

 "Cette idéalisation de la femme en Occident vient du culte de la Vierge Marie et de Marie-Madeleine"

La femme n'est-elle pas l'auberge espagnole du fantasme ? "C'est l'auberge espagnole de notre imaginaire. J'use beaucoup du truchement de la littérature en général : Chateaubriand, Balzac et Proust sont mes trois repères en la matière. De la peinture aussi, pratiquement jamais je ne m'inspire du cinéma car un écrivain n'aime pas qu'on lui inflige fraction de seconde par fraction de seconde l'imaginaire du cinéaste. On s'en fout c'est pas la nôtre. Tandis qu'avec un tableau ou un poème, on le fixe et puis on construit. J'ai beaucoup voyagé dans un train qui me ramenait loin de Paris et je voyais des femmes, que j'identifiais à la liseuse de Vermeer, à la boudeuse de Gauguin... J'ai eu envie de lier conversation voire une drague dans le respect des normes de l'art. Et puis, je me disais que ce n'était pas la peine vu ce qu'elles suggèrent, ça va tomber à plat. Elle va me raconter sa vie..."

Comment alors définir la femme : le complément, la synergie, cette espèce de relation hallucinante qui existe depuis toujours, qu'est-ce que cette magie ? "Vous parlez de magie, la magie ça signifie aussi la fusion, la complémentarité, le partenariat ne résume pas ce que la femme suggère à l'homme. Elle lui suggère une part de mystère. (...) : 'Tu es la page blanche sur laquelle l'imaginaire inscrit les plus grandes figures'. Mais je parle de la culture occidentale. Car j'ai lu des poèmes chinois par exemple, la femme n'est jamais idéalisée. Cette idéalisation de la femme en Occident vient du culte de la Vierge Marie et de Marie-Madeleine".

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

 

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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