single.php

Dafna Mouchenik : "On pense à tort que tout le monde peut être auxiliaire de vie"

Par Benjamin Jeanjean

Auteur de Derrière vos portes - Coulisses d’un service d’aide à domicile, un livre centré sur le métier d’auxiliaire de vie à domicile, Dafna Mouchenik était l’invitée du Grand Matin Sud Radio ce vendredi.

Thumbnail

Si le secteur de l'aide à domicile (alternative aux maisons de retraites et aux EHPAD) est considéré comme une filière d’avenir en raison du vieillissement de la population française, le métier d’auxiliaire de vie est loin d’être une sinécure. "On ne se rend pas compte de la complexité de notre travail. De l’extérieur, on imagine qu’on recrute des auxiliaires de vie et qu’on organise des emplois du temps. En fait, c’est bien plus compliqué que ça", assure Dafna Mouchenik, auteur du livre Derrière vos portes - Coulisses d’un service d’aide à domicile, au micro de Sud Radio ce vendredi.

"C’est déjà assez fabuleux de pouvoir mettre en place des aides humaines à domicile"

"Parfois, le soutien à domicile est possible et pas trop compliqué à mettre en place. Parfois, c’est beaucoup plus complexe. Je raconte dans le livre l’histoire de cette petite dame très touchante qui est seule et sans famille. Elle oublie qu’on vient, elle se promène dans les couloirs de son immeuble et pose un certain nombre de difficultés aux habitants ! On comprend alors toute la délicatesse et l’intelligence qu’il faut développer pour rassurer cette dame. De notre côté, on a bien compris que dans cette situation, le soutien à domicile n’est pas possible. On a alors demandé demandé de l’aide, le tuteur de cette dame était d’accord avec nous, mais elle ne l’entendait pas comme ça...", raconte-t-elle à propos de ce livre.

Un livre que Dafna Mouchenik a construit comme une plongée dans l’univers de l’aide à domicile. "J’avais envie que le lecteur accompagne mon équipe. On pense beaucoup aux auxiliaires de vie mais il y a aussi toute une équipe administrative et sociale qui fait en sorte que tout soit possible. J’avais envie que les lecteurs les suivent et les accompagnent, s’attachent aux gens et réalisent le lien qui se tisse avec les uns et les autres, voient comment on fait avec les moyens qui sont ce qu’ils sont…", déclare-t-elle, sans pour autant faire la fine bouche. "Je n’ose pas dire qu’il n’y a pas beaucoup de moyens puisqu’il n’y a quand même pas beaucoup de pays qui ont une telle politique sociale et de solidarité. C’est déjà assez fabuleux de pouvoir mettre en place des aides humaines tous les jours chez les gens quand ils n’en ont pas les moyens", souligne-t-elle.

"On pense que tout le monde peut faire ce métier, mais ce n’est pas vrai"

Quoi qu’il en soit, le métier d’auxiliaire de vie reste aujourd’hui compliqué au quotidien. "Les gens sont parfois très exigeants, et de notre côté on a affaire à une réalité du secteur qui fait qu’on n’est pas toujours en mesure d’apporter le service attendu. (…) Les gens attendent qu’on arrive à l’heure, qu’il n’y ait pas de changements d’intervenants parce que c’est très perturbant… En même temps, ce métier est très féminin, donc on a aussi la charge des enfants, on est amenés à s’arrêter parfois. Il y a aussi des absences pour formation, etc.", indique-t-elle.

Et malgré les perspectives d’avenir intéressantes, recruter de nouvelles têtes n’est pas facile, au contraire. "C’est extrêmement compliqué de recruter du personnel. On pense, à tort, que tout le monde peut faire ce métier. Ce n’est pas vrai, il faut des qualités humaines, relationnelles et d’intelligence du cœur assez exceptionnelles. Il n’y a pas assez de personnes formées donc c’est très compliqué, j’ai souvent des plannings vacants", regrette Dafna Mouchenik.

Réécoutez en podcast l’interview de Dafna Mouchenik dans le Grand Matin Sud Radio

 

L'info en continu
20H
18H
17H
16H
15H
14H
Revenir
au direct

À Suivre
/