Le professeur Xavier Lescure, infectiologue à l’hôpital Bichat à Paris, était l'invité de Patrick Roger le 2 mars 2020 dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.
"On a passé tout le week-end à nous préparer à la phase 3"
"Dans certaines régions, on est en train de se préparer à la phase 3, c’est-à-dire la phase épidémique. Dans ce contexte, il faut privilégier la restriction sociale pour éviter de diffuser le virus dans la population générale", a déclaré Xavier Lescure.
S’agissant de l’interdiction des rassemblements de plus de 5.000 personnes, Xavier Lescure a expliqué que le nombre de personnes n’est pas l’unique critère. "Ça dépend si l’endroit est aéré ou pas. Les transports en commun en heure de pointe, ça peut être un vecteur de la transmission. Mais pour l’instant, on n’est pas sur du confinement, on est sur de la restriction sociale. C’est l’un des axes de lutte pour contrer la dispersion". Quant aux allégations comme quoi le virus pourrait se détruire avec l’arrivée du beau temps, "le MERS est assez proche génétiquement de celui-ci. Et on ne peut pas dire que le MERS craigne la chaleur", a fait savoir Xavier Lescure.
"À l’AP-HP, on a passé tout le week-end entre soignants, directeurs et autorités sanitaires à préparer et anticiper cette bascule en phase 3. Nos objectifs sont de limiter le nombre de décès ainsi que limiter le désordre collatéral que pourrait engendrer cette épidémie dans les systèmes de soins. Nous sommes en train de réorganiser le système pour pouvoir prendre en charge à la fois les patients du Covid 19 et le reste. Il faut qu’on protège les soignants, pour que le système de soins reste robuste et que les soignants évitent de devenir des vecteurs de la maladie".
"On est parti sur quelques semaines voire quelques mois de perturbation de la vie normale"
"Pour réduire le risque d’infection, il faut faire des choses simples comme éviter de se mettre les doigts dans la bouche et se laver les mains avant de manger. Dans les Hauts-de-France, le port de masque est recommandé. On peut être contagieux avant la maladie, c’est une maladie qui montre peu de symptômes. Dans les régions où circule le virus, il faut qu’on se considère tous comme potentiellement contagieux. On est parti sur quelques semaines voire quelques mois de perturbation de la vie normale.
Les surfaces laissent vivre le virus quelques heures. Il faut considérer que les tablettes ou les écrans tactiles peuvent être des vecteurs du virus. Il peut survivre 3-4 heures en milieu inerte. Il faut prendre cela en compte dans les changements de comportement que chacun doit adopter à partir de maintenant. Par rapport aux masques, il faut bien comprendre le mécanisme de transmission du virus pour ne pas surconsommer de masques (car les stocks sont tendus). Quand on se promène dans la rue ou qu’on est avec dans gens qu’on connaît, ça n’a strictement aucun effet", a expliqué Xavier Lescure.
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