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Coronavirus - Christophe Prudhomme : "Les hôpitaux sont prêts, mais on va fonctionner en mode dégradé"

Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 28 février sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Christophe Prudhomme, interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 28 février à 7h40.

Christophe Prudhomme : "le virus a une faible capacité de mutation, ce qui est rassurant"

Emmanuel Macron a annoncé jeudi 27 février au sujet du coronavirus : "on a devant nous une épidémie". "Il a annoncé ce que tous les médecins savaient depuis plusieurs semaines, confie Christophe Prudhomme, le porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), au micro de Patrick Roger. Les virus ne sont pas stoppés par les frontières, rappelle-t-il. À partir du moment où on a un foyer épidémique, il y en aura d'autres, dans l'ensemble des pays de la planète. La question est de savoir quelle est la virulence du virus, est-ce qu'il mute, sa contagiosité, la mortalité que l'on peut estimer. On a un recul qui nous permet de dire qu'il y aura une épidémie, mais ce virus ne mute pas, il a une mortalité qui touche principalement les personnes âgées. En comparaison, avec la grippe saisonnière en France cette année, qui est peu agressive, on en est déjà à 5.000 morts. Et chez les personnes jeunes sans aucune autre maladie, on est déjà presque à 40 morts.

 

Mais quand on a un virus atypique, qui vient du monde animal, on craint la mutation et une hyper-virulence, prévient Christophe Prudhomme. Nos collègues virologues disent que le virus a une faible capacité de mutation, ce qui est rassurant. Ce qui est intéressant, c'est que la mobilisation mondiale montre ce que l'on doit faire, parce qu'on aura sûrement d'autres épidémies. Aujourd'hui, les scientifiques échangent les informations, on a à peu près la réalité des chiffres. Ça a permis d'avoir un discours à la fois d'alerte, mais assez rassurant pour la population".

 

"La particularité de ce gouvernement, c'est l'absence totale de dialogue social"

Est-ce sérieux d'avoir changé de ministre de la Santé en pleine crise ? s'interroge Patrick Roger. "Ce n'est jamais bon de changer de capitaine du navire en plein tempête, reconnaît Christophe Prudhomme. Mais le vrai capitaine, c'est Emmanuel Macron ! Dans le cadre du mouvement de l'hôpital, nous ne demandons plus de rendez-vous avec le ministre de la Santé, puisque ce n'est pas lui qui décide ! dénonce-t-il. C'est la verticalité du pouvoir. Hier, Emmanuel Macron a contredit la logique de son Premier ministre et de ses députés, puisqu'il a critiqué le terme 'pédagogie'. Jusqu'à présent, quand on était en désaccord avec les propositions, c'est qu'on était trop bête pour comprendre, et il fallait faire de la pédagogie pour qu'on nous explique pourquoi on avait tort, rappelle-t-il. D'ailleurs, il n'y a que le Président qui a parlé hier ! fait-il remarquer. Le ministre de la Santé, c'était son porteur d'eau, qui souriait et qui l'accompagnait. La traduction pour nous, c'est qu'il n'y a aucun dialogue social, qui est normalement le rôle du ministre. La particularité de ce gouvernement, c'est l'absence totale de dialogue social".

"Nos revendications sont claires : des emplois supplémentaires, des augmentations de salaires et des lits. On va se mobiliser, mais quand on est avec un système sous tension, la moindre surchauffe risque d'entraîner une rupture, prévient Christophe Prudhomme. Depuis ces dernières années, toute épidémie de grippe, toute canicule nous a mis quasiment en situation de catastrophe", déplore-t-il.

 

"Les hôpitaux sont prêts, mais on va fonctionner en mode dégradé"

Les hôpitaux sont-ils prêts à faire face à cette épidémie ? "Les hôpitaux sont prêts, mais on va fonctionner en mode dégradé. Dans mon service, comme on n'a pas de réserve de personnel, on demande au personnel qui fait déjà des heures supplémentaires d'en faire encore plus, explique Christophe Prudhomme. Et on va avoir la mobilisation pendant plusieurs semaines. Si le nombre de malades augmente, il faudra qu'on reporte des hospitalisations. Ce type de malades mobilisent plus de personnel que le malade classique".

Concernant les mesures de prévention, "mettre l'ensemble de la population sous cloche n'est pas forcément la bonne solution, estime-t-il. Puisque le temps que la mesure soit effective, des gens partent et vont diffuser le virus parce qu'ils sont des porteurs sains. Les précautions à prendre, c'est si on tousse, si on a de la fièvre et si on revient des zones à risque, il faut appeler le 15 (qu'il ne faut pas appeler pour des renseignements). Par ailleurs, il ne faut pas aller travailler si on est malade ! Pour la grippe traditionnelle, on a des épidémies qui touchent des millions de personnes, car quand on a la grippe, pour ne pas avoir de perte de salaires, les gens vont travailler, regrette-t-il. Quand on tousse, quand on sort et quand on est en contact avec d'autres personnes, c'est bien de mettre un masque, conseille-t-il, surtout si on a dans sa famille des gens fragiles, en particulier des personnes âgées, il faut éviter les contacts rapprochés et se laver les mains avec du gel hydro-alcoolique. Porter un masque quand on n'est pas malade ne sert à rien !" rappelle-t-il.

Christophe Prudhomme insiste sur le fait "qu'on ne prendra en charge dans les hôpitaux que les cas les plus graves ! Les autres seront pris en charge en ville mais resteront confinés chez eux, même s'ils sont porteurs du coronavirus".

 

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