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Claude Ardid : "la laïcité, qui était notre socle commun, s'est affaissée en même temps que la société"

Par La Rédaction

Claude Ardid, journaliste, grand reporter et écrivain français, auteur de "Qui veut tuer la laïcité" (éditions Eyrolles), était l’invité d’André Bercoff lundi 17 février sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Claude Ardid invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

La laïcité est devenue un débat récurrent et quasi permanent dans l'actualité. Droit au blasphème, liberté d'expression, communautarisme ou encore menaces, la situation est en train d'échapper des mains des dirigeants politiques. Pourtant, pour Claude Ardid, la situation était prévisible et aurait pu être évitée.

 

Un syndrome 1984

"La fragmentation peut s'expliquer par le fait que l'on n'a pas traité la laïcité, le vivre-ensemble, l'immigration depuis plus de 30 ans", estime le journaliste. Et ce manque de traitement pourrait bien avoir des conséquences graves. "On s'oriente vers une violence de la société qu'on ne distingue pas seulement sur les réseaux sociaux mais dans la rue, de façon totalement différente, que ce soit avec les Gilets jaunes, les black blocs, mais aussi de l'État qui ne répond pas aux questions posées par les citoyens", explique l'auteur. Des problèmes qui auraient surgi "au début des années 1980", selon lui.

Pour illustrer ses propos, le journaliste rapporte ceux de François Hollande, tenus en octobre 2019. L'ancien président de la République racontait l'épisode des manifestations pour l'école libre, réunissant des millions de personnes en 1984. "François Mitterrand était persuadé que le gouvernement et la République allaient tomber", rapporte-t-il. Le Président a alors réuni tous ses ministres et leur a dit : "la laïcité c'est fini, on n'en parle plus, ça provoque la fragmentation de la société française". "On s'est retrouvé amputé d'une partie de notre cerveau", juge François Hollande, qualifiant 1984 "de traumatisme".

 

Des valises de billets pour "acheter la paix sociale"

Cinq ans plus tard, l'épisode du voile au collège de Creil a divisé la gauche, qui a "refilé la patate chaude aux chefs d'établissements". "Ces problèmes-là n'ont pas été résolus", estime Claude Ardid. "Il n'est pas étonnant aujourd'hui que l'on ait fait preuve de lâcheté, de compromis, de bassesses, voire d'achat en argent liquide de la paix sociale, que l'on se retrouve avec des problèmes liés à la liberté d'expression, au blasphème, la laïcité...", regrette le journaliste, qui note que "nous sommes dans une phase extrêmement importante aujourd’hui". "Cette laïcité qui était notre socle commun, s'est affaissée en même temps que la société", s'indigne-t-il.

La présence de référents sur la laïcité dans l'Éducation nationale "est un bon boulot", juge le journaliste, qui y voit "une goutte d'eau dans un océan". Pourtant, selon l'écrivain, "on peut inverser la tendance". Il rapporte surtout un témoignage d'un personnage politique important qui disait "qu'au moment de touche pas à mon pote, les socialistes à Matignon et l'Élysée envoyaient des valises remplies de billets de banque dans certains quartiers sensibles pour acheter la paix sociale, pour donner une subvention aux associations cultuelles, sportives, éducatives...". Une "tradition" pour calmer les grands frères et les rassurer.

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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