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Chez Thales, au coeur de la lutte anti-sous-marine

Des bips réguliers résonnent dans un atelier flambant neuf à Gémenos, dans le sud de la France: dans un bassin, Thales teste des anneaux en céramique qui équiperont des sonars capables de détecter les sous-marins les plus silencieux.

MIGUEL MEDINA - AFP

Des bips réguliers résonnent dans un atelier flambant neuf à Gémenos, dans le sud de la France: dans un bassin, Thales teste des anneaux en céramique qui équiperont des sonars capables de détecter les sous-marins les plus silencieux.

Ces sonars CAPTAS 4, que Thales se vante d'avoir vendus à la marine américaine, font partie du dispositif permettant, en combinaison avec des engins aériens, d'être plus performant dans une guerre hybride moderne.

Avec les nouvelles technologies, "la guerre se fait aujourd'hui de manière synchronisée dans les cinq milieux": terre, air, mer, espace et cyberespace, explique à l'AFP l'amiral Eric Chaperon, conseiller défense du groupe français Thales.

"Thales a un avantage assez important dans la mesure où nous détenons une expertise dans chacun de ces milieux", ajoute-t-il.

La lutte anti-sous-marine désigne l'ensemble des opérations militaires visant à détecter, localiser, suivre, et neutraliser les sous-marins ennemis représentant une menace majeure pour la flotte en surface et les infrastructures maritimes.

- "Jeu du chat et de la souris" -

Le sonar CAPTAS fabriqué par le groupe français THales dans ses locaux à Gémenos, dans le sud de la France, le 18 septembre 2024

Le sonar CAPTAS fabriqué par le groupe français THales dans ses locaux à Gémenos, dans le sud de la France, le 18 septembre 2024

MIGUEL MEDINA - AFP

Déployé à l'arrière des frégates et immergé dans l'eau, le CAPTAS émet des ondes acoustiques et en analyse les échos pour localiser les sous-marins ennemis. Il peut aussi, en mode passif, les écouter silencieusement, sans risque d'être repéré.

Il va être complété par la partie "aéroportée".

D'une part, le sonar FLASH embarqué sur un hélicoptère ou à terme un drone. Ce sonar "trempé", déployé sous l'eau à l'aide d'un câble depuis un hélicoptère, est capable de détecter les sous-marins sur de longues distances et à différentes profondeurs grâce au fait qu'il peut être rapidement immergé et déplacé.

L'autre engin clé est le SonoFlash, une bouée larguée en mer depuis un avion, un hélicoptère ou un drone, qui flotte à la surface tout en déployant les capteurs sous-marins. Il sera mis en service en 2025.

Le sonar FLASH de Thales dans les locaux du groupe français à Gémenos, dans le sud de la France, le 18 septembre 2024

Le sonar FLASH de Thales dans les locaux du groupe français à Gémenos, dans le sud de la France, le 18 septembre 2024

MIGUEL MEDINA - AFP

Les informations collectées par le SonoFlash sont ensuite transmises en temps réel à l'aéronef ou centre de commandement, ce qui permet de coordonner éventuellement les actions comme l'envoi d'une frégate ou le lancement de torpilles.

L'utilisation simultanée de CAPTAS, FLASH et SonoFlash permet un jeu efficace "du chat et de la souris", explique à l'AFP Olivier Ageorges, conseiller opérationnel de Thales.

Si un engin "va chasser" un sous-marin en émettant des ondes acoustiques qui rebondissent en rencontrant un objet, les deux autres "attendent la cible" en captant les sons sans émettre les signaux.

La technologie des bouées a été abandonnée en France dans les années 1990 après la chute de l'URSS et la baisse de la menace sous-marine, mais l'Etat a récemment demandé à Thales de la relancer.

- "Dronisation" -

L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 et l'utilisation massive de drones dans ce conflit a chamboulé la donne pour Thales, poussant le groupe à accélérer la recherche et la production.

Le sonar SonoFlash dans les locaux du groupe français Thales à Gémenos, dans le sud de la France, dans le sud de la France, le 18 septembre 2024

Le sonar SonoFlash dans les locaux du groupe français Thales à Gémenos, dans le sud de la France, dans le sud de la France, le 18 septembre 2024

MIGUEL MEDINA - AFP

La lutte contre les drones "à la fois sous l'eau, à la surface et dans les airs" est aujourd'hui le sujet le plus brûlant pour Thales, dit Eric Chaperon.

"La difficulté c'est de les détecter, ensuite de pouvoir les poursuivre et enfin les abattre, mais sans épuiser vos propres ressources", résume le conseiller.

"Dans les programmes de défense traditionnels, il y a des phases de recherche, de développement, d'études, un premier prototype... Ce sont des cycles de 15 ans. Aujourd'hui il faut être beaucoup plus rapide", souligne Gwendoline Blandin-Roger, directrice générale des systèmes sous-marins de Thales.

Selon Eric Chaperon, il s'agit désormais de "cycles annuels".

- Facile à utiliser -

Les marines ont également besoin que les équipements soient faciles à utiliser.

Des ingénieur à l'oeuvre dans une usine de Thales à Gémenos, dans le sud de la France, le 18 septembre 2024

Des ingénieur à l'oeuvre dans une usine de Thales à Gémenos, dans le sud de la France, le 18 septembre 2024

MIGUEL MEDINA - AFP

"Il faut que les opérateurs qui ne sont pas nécessairement des bac +6, soient capables de maîtriser à 100% la machine", dit l'amiral.

Thales fabrique aussi à Gémenos dans un atelier de 150 mètres de long des antennes linéaires à remorquer, censées détecter des sons provenant de grandes distances.

Sous une gaine d'aspect banal qui protège l'antenne, se cachent des modules alignés de capteurs acoustiques.

"La liste des contraintes est énorme", en fonction des terrains d'opération, de la profondeur, de la température ou de la salinité, souligne Emmanuel Michaud, vice-président du secteur sous-marins, bâtiments de surface et torpilles de Thales.

Dans les mers chaudes par exemple, il faut prévoir une couverture refroidissante pour que la gaine ne se dilate pas quand elle est stockée à l'extérieur du bateau.

Par Olga NEDBAEVA / Gémenos (France) (AFP) / © 2024 AFP

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