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Cécile Coudriou : "L’état d’urgence est loin d’être la bonne réponse à la menace terroriste"

Par Benjamin Jeanjean

Invitée du Grand Matin Sud Radio ce jeudi, Cécile Coudriou, vice-présidente d’Amnesty International France, a critiqué la probable prorogation de l’état d’urgence cet été.

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Au lendemain de l’attentat de Manchester, Emmanuel Macron a confirmé qu’après les législatives, le Parlement se verrait demander le vote d’une prolongation de l’état d’urgence. Une situation qui désespère Cécile Coudriou, vice-présidente d’Amnesty International France. "Ce n’est pas vraiment une surprise pour Amnesty International. Nous avons mené une action de plaidoyer pendant l’élection présidentielle en envoyant à tous les candidats une liste d’engagements en matière de droits humains, dont celui de lever l’état d’urgence. Nous sommes convaincus – et nous ne sommes pas les seuls – qu’il est loin d’être la bonne réponse à la menace terroriste. Or, M. Macron n’avait pas coché cette case, répondant qu’il souhaitait d’abord faire un bilan de l’état d’urgence. (…) Une fois encore, c’est sous le coup de l’émotion qu’on prend cette décision. On sait bien que la population a tendance à accepter ces décisions dans ces circonstances. C’est notre rôle à nous, ONG mais pas seulement, de casser ce qui semble être – à tort – une évidence", a-t-elle déclaré.

"Sur les 7000 mesures prises sous l’état d’urgence, 0,3% ont donné lieu à des enquêtes"

Pour elle comme pour d'autres, l’état d’urgence n’est pas adapté à la lutte antiterroriste actuelle. "Il faut rappeler que c’est hors contrôle judiciaire. Ce que nous condamnons en premier lieu, c’est la déjudiciarisation de ces procédures administratives et préventives. Or, dans un État de droit, l’équilibre des pouvoirs prévaut. L’état d’urgence est un état d’exception. Il s’agit ici d’une menace permanente donc cela ne peut pas être, par définition, une bonne réponse", explique-t-elle.

Pour Amnesty International France, l’étude objective des chiffres de l’état d’urgence révèle une nécessité plus que relative de ce régime. "Il y a souvent une forme d’intox dans les informations distillées, puisqu’on laisse à penser que c’est grâce à l’état d’urgence qu’on a pu déjouer des attentats. On comprend bien dans ces cas-là pourquoi les citoyens sont plutôt en faveur de ce genre de mesures. Pour ce qui est des chiffres objectifs, plus de 7000 mesures ont été prises depuis le début de l’état d’urgence, et seulement 0,3% de ces mesures ont donné lieu à des enquêtes. 20 enquêtes seulement ont été lancées grâce à l’état d’urgence, contre près de 200 grâce à la procédure judiciaire classique, avec quelque chose qui s’appelle le parquet antiterroriste" détaille Cécile Coudriou.

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