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Blanquer, c’est l’école du passé ?

Les nouvelles mesures éducatives annoncées par Jean-Michel Blanquer sont-elles synonymes d'un retour à l'école du passé ?

Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer l'a annoncé dimanche : le portable va être interdit à l'école primaire et au collège, le port de l'uniforme devrait être expérimenté dans certains établissements, tout comme des chorales. N'est-ce pas le retour d'une certaine école à l'ancienne ?

Il faut absolument sortir de cette logique délirante de l'école du passé contre l'école d'aujourd'hui. C'est avec cette rhétorique que, depuis plusieurs décennies, on a massacré l'école française pour arriver à des résultats absolument désastreux en lecture, en calcul. Donc la question n'est pas de savoir si c'est ancien ou moderne, la question est de savoir ce qui marche et ce qui correspond à ce que la France veut transmettre à ses enfants. En l'occurrence, le chant en chorale implique un travail collectif, une rigueur et une exigence immense, une sensibilité artistique, une capacité à comprendre et maîtriser son corps. Il n'y a pas forcément besoin de technologies modernes pour atteindre ces buts pédagogiques.

Et c'est bien l'une des dimensions aussi du débat sur le portable. On nous explique que c'est un outil pédagogique absolument formidable. La question est simple : est-ce que les points positifs sont supérieurs aux points négatifs ? N'importe quel professeur vous le dira, c'est un enfer de gérer des élèves qui ne pensent qu'à s'envoyer des messages ou à filmer telle ou telle scène pour la mettre sur les réseaux sociaux. Et pour ce qui est d'utiliser le smartphone comme outil de recherche, cela implique d'exiger que tous les élèves en aient, ce qui est tout de même problématique. D'ailleurs le problème n'est pas là, les portables sont déjà interdits dans les classes mais les enseignants n'ont pas le droit de fouiller les élèves ni les cartables. Autant dire qu'ils sont réduits à l'impuissance. Et s'ils confisquent le précieux outil, il s risquent une plainte de parents scandalisés. L'enjeu de ce débat, c'est de convaincre les parents d'être du côté de l'institution et de considérer que "choupinet" n'a pas forcément besoin d'un smartphone.

C'est une question d'éducation et l'éducation se partage entre les professeurs et les parents. C'est la même chose pour l'uniforme ou la blouse. C'est aujourd'hui le seul moyen de recentrer l'école sur les apprentissages, de gommer à peu près les différences sociales et de répondre aux mises en cause de la laïcité. Mais là aussi, on trouve des parents persuadés que la liberté individuelle de leur enfant passe avant l'objectif de transmission et d'apprentissage de l'effort. À force que ce soit ressassé par les pédagogues modernistes, les parents considèrent que l'école est avant tout un lieu de socialisation, de liberté d'expression et tout le reste passe au second plan.

Donc rappeler que l'école est un lieu d'apprentissage et en tirer les conséquences dans son organisation, ça ne fera pas de mal...

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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