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"Aucune révolution ne se fait dans le silence"... "Je suis venu pour voler"... Choses entendues à Paris et Foix

Par Félix Mathieu

Deux villes, et deux ambiances. 164.000 manifestants dans tout le pays ce 1er mai selon le ministère de l'Intérieur, 310.000 selon la CGT. Des manifestations qui ont réuni les syndiqués habituels, des gilets jaunes et des casseurs. Dans la capitale, les autorités ont dénombré 1000 à 2000 black blocs. Beaucoup plus calme à Foix, où gilets jaunes et manifestants ont cohabité plus qu'ils n'ont vraiment convergé.

Reportage Sud Radio de Cyprien Pézeril, Nicolas Bidard et Christine Bouillot

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La frontière est parfois poreuse entre certains gilets jaunes et casseurs. Pour Jacques, qui s'identifie aussi bien aux gilets jaunes qu'aux black blocs, l’usage de la violence est parfois nécessaire: "Il n'y a que ça qui fait avancer les revendications, c'est triste d'ailleurs. Si ça pouvait avancer pacifiquement, ça serai bien, je serais pour."

"Aucune révolution ne se fait dans le silence"

Certains manifestants ont tenté d’attaquer le commissariat du XIIIe arrondissement. "Aucune révolution ne se fait dans le silence", commente Alexis, qui participe aux manifestations du 1er mai pour la première fois. Pour lui, les casseurs ne font rien de mal. "J'ai eu personnellement l'occasion de rencontrer des black blocs, mais qui n'étaient pas politisés. C'était des jeunes, qui étaient juste là pour  s'interposer entre les violences policières et les citoyens." 

Mais tous les manifestants ne cautionnent pas la casse. Jean-Yves, syndiqué à la CGT regrette que les revendications initiales soient totalement éclipsées: hausse du SMIC, de meilleurs qualité de travail. "En bloquant l'économie, on arrivera sans violence à ce qu'on veut. Donc la casse, ça va donner encore plus de violence en face, et c'est l'escalade: ils noyautent les manifestations pour casser, ils ne nous aident pas du tout !" Des violences qui ont poussé Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT à quitter la manifestation pour des raisons de sécurité.

Reportage Sud Radio de Cyprien Pézeril:

 

 

 

"Je suis venu pour voler"

Avec un aplomb peu croyable, ce jeune chômeur de 25 ans décrit son sentiment d'impunité, alors qu'il se rend aux manifestations dans le seul but de se servir !

"Je ne veux pas manifester, je trouve que ça sert à rien. Je suis venu pour voler. Par exemple, si je vois quelqu'un mettre le feu à une voiture, je vais aller avant lui, essayer de récupérer ce qu'il y a dedans avant que ça brûle. Je me sens bien, je suis serein. Je cherche du liquide, des bijoux. Je vois une petite occasion, quelque-chose qui dépasse, je me sert. Après ça ne m'empêche pas de faire du bien aussi. Admettons que je me fasse 200 euros, je vais donner une petite pièce à un SDF ou quelque-chose comme ça... C'est un peu pour me déculpabiliser, vous voyez?"

À Foix, les colères se rejoignent sans vraie convergence des luttes

Ambiance bien différente à 800 kiloimètres de Paris, du côté de Foix, préfecture de l'Ariège: un département avec un taux de chômage de 16%, bien au dessus de la moyenne nationale. Plus d’un millier de personnes ont défilé ce mercredi matin dans le calme et sous le soleil. Habitants, syndicats et beaucoup de gilets jaunes déterminés à ne rien lâcher. Sans attendre la fin des discours syndicaux, les gilets jaunes, clairement les plus nombreux, ouvrent le cortège ariégeois. "On ne fait pas de politique, on ne fait rien de tout ça. On se bat pour le pouvoir d'achat, pour une meilleure vie. Après, les discours de la CGT et autres syndicats, c'est nos revendications depuis cinq mois, donc on le sait déjà ! Mais c'est tous les samedis qu'il faut sortir dans la rue, et faut que tout le monde nous rejoigne. Après, il sera trop tard."

Reportage Sud Radio à Foix, de Christine Bouillot:

 

 

"Vivre dignement... Les gens ne demandent pas autre chose"

Pas vraiment de convergence des luttes, mais ça n'empêche pas Didider, du syndicat Solidaires, de distribuer des tracts dans les rues de Foix en soutien aux postiers des des Hauts-de-Seine, en grève depuis plus d'un an. "C'est bien reçu, les gens versent de l'argent avec leurs moyens, ils sont même admiratifs de voir des gens se battre depuis longtemps, et avec beaucoup de détermination".

Gérard , gilet jaune depuis le premier jour, ne lâchera rien. Pour lui, la balle est dans le camp du gouvernement: "c'est eux qui ont les cartes en main pour apaiser les  gens, avec quelques mesures pour que les gens puissent vivre dignement. Les gens ne demandent pas autre chose: pouvoir vivre de leur travail, dignement. Et tant qu'ils ne feront pas ça, peut-être que le mouvement s'arrêtera à cause de la répression, mais ça reprendra, car les gens ne peuvent pas vivre avec ce qu'ils ont... C'est pas possible !" Fidèle à son histoire et son passé, l'Ariège reste une terre de luttes hermétique au discours Elyséen.

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