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Aquarius : la France est-elle bien placée pour faire la leçon à l’Italie ?

Le sort de l’Aquarius, ce bateau de l’ONG SOS Méditerranée, est en train de fracturer la majorité. La France a joué son rôle ou non ?

Aquarius, SOS Méditerranée © LOUISA GOULIAMAKI - AFP

 

À vrai dire, on a fait le contraire exact de ce qu’il fallait. Après le refus de l’Italie et de Malte d’accueillir le navire dans leurs ports, le silence de la France a été assourdissant.

Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a dénoncé hier matin le "cynisme et l’irresponsabilité du gouvernement italien". Et puis finalement, Emmanuel Macron s’est exprimé en conseil des ministres, repris par Édouard Philippe devant l’Assemblée Nationale, pour dire, premièrement que l’Italie, selon le droit international, aurait dû accueillir le navire parce qu’elle était le pays le plus proche, et deuxièmement que la France "aiderait les autorités espagnoles pour les accueillir et analyser leur situation".

Mais seulement après que les autorités corses se sont proposées pour ouvrir les ports de l’Île. Bref, la France donne des leçons et ne bouge pas. Que les Italiens se débrouillent, puisqu’ils ont élu des populistes.

C’est le problème de ce genre de situation : il n’y a pas de bonne solution. Parce qu’après ces six cents personnes, l’Aquarius en recueillera d’autres.

Mais premier point, il est pour le moins mal venu de faire la leçon à l’Italie qui, entre 2013 et 2014, a recueilli 150 000 personne avec l’opération Mare Nostrum. C’est parce que c’était un tonneau des Danaïdes que l’Italie a renoncé, laissant la place à des ONG pleines de bonnes intentions mais qui font le jeu des passeurs.

L’Aquarius coûte 11 000 euros par jours, financés par le privé à 99 %. Des fonds qui sauvent des malheureux, mais en sachant parfaitement que d’autres viendront ensuite et que tout cela enrichit des ordures en Libye et ailleurs.

Second point, on pouvait agir, accueillir ces gens tout en expliquant que l’Italie avait eu raison de demander aux autres pays européens de faire leur part. Et puis, ajouter que les accueillir devait permettre de définir lesquels avaient vocation à rester en Europe et lesquels devaient être reconduits chez eux, au nom du droit des pays à décider qui peut demeurer sur leur sol.

Enfin, il eût fallu ajouter que la France s’engageait à collaborer avec l’Italie pour enfin combattre les filières de passeurs, quitte à aller détruire des navires dans les ports libyens, que la France et l’Union Européenne allaient travailler avec les pays africains pour développer, éduquer, maîtriser la démographie, tout ce travail de long terme qui seul peut éviter une catastrophe à venir.

Au lieu de ça, on se paie de mots et l’on insulte les voisins.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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